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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
13 novembre 2010

Vous avez dit : "Economie de communion" ?

Dans la rubrique "c'était impossible, alors nous l'avons fait", on trouve toutes sortes d'utopies qu'on balaie souvent d'un revers de la main, comme pour bien signifier qu'on n'y croit pas ou qu'on ne songe pas à y consacrer un temps précieux ! Pourquoi en effet investir à fonds perdus dans des projets dont on connaît l'issue fatale à l'avance : il y a bien assez à faire par ailleurs !

La liste est longue, néanmoins, de ces rêves d'humains devenus réalité - qu'il s'agisse de la maîtrise du feu, de l'invention de l'aviation, ou encore de la création de la sécurité sociale.

Loin de moi l'intention de faire un inventaire à la Prévert de tout ce qui a pu mettre en marche des hommes et des femmes pour une même cause : je souhaite seulement évoquer "l"économie de communion" appelée aussi "économie du don". C'était en effet le sujet retenu lors du déjeuner de ce mardi 8 novembre. Sujet présenté par Isaline Bourgenot Dutru, dans une atmosphère intime - nous étions moins de 15 à l'écouter !

Isaline Bourgenot DutruPour introduire le thème, Isaline B.D. est remontée à la source : le mouvement des Focolari - de l'italien, "focolare" qui signifie "foyer" - fondé à Trente, en Italie, à la fin de la seconde guerre mondiale, à l'initiative d'une jeune institutrice, Chiara Lubich. Ce mouvement ancré dans le catholicisme prône la lutte contre la pauvreté, dans l'unité et l'amour du prochain, réalisés concrètement dans tous les aspects de la vie - qu'il s'agisse de l'art, de la politique, ou encore de la justice, l'éducation ou l'économie.

Isaline B

Né en Italie, ce courant s'est répandu dans le monde sous l'effet de la mondialisation, irriguant tous les domaines de l'activité humaine. Son impératif de recherche de l'unité l'a conduit en dehors du monde catholique qui l'avait vu naître : les Focolari invitent en effet tous ceux qui partagent leur point de vue, croyants ou non, chrétiens ou non, à s'engager sous leur banière.

En 1991, Chiara Lubich, invitée au Brésil, réalise que l'ampleur de la pauvreté nécessite de changer l'échelle de l'action engagée jusque là par les Focolari.

Favelas-in-Rio-de-Janeiro

Le 29 mai 1991, elle fonde l'économie de communion au cours d'un meeting réunissant des chefs d'entreprise. Elle les invite à consacrer une part des bénéfices de leur entreprise à la lutte contre la pauvreté subie - par exemple par l'embauche de personnes en difficulté, ou en augmentant les salaires... - à la formation à la culture du don - changer les mentalités comme préalable au changement des pratiques économiques - et à l'autofinancement de l'entreprise.

1035601928Car l'économie de communion n'est pas une remise en cause des régles du capitalisme. Comme l'inventeur du micro-crédit, Muhammed Yunus, qui poursuit les mêmes objectifs - l'éradication de la pauvreté - les initiateurs de l'économie du don acceptent de jouer le jeu du capitalisme, mais cherchent à en modifier l'esprit : ils font le pari que nul système ne peut expliquer à lui seul la misère vécue par une partie de l'humanité. La solution viendrait de l'individu qui doit se réformer, s'éduquer à prendre en compte l'autre, le prochain, dans la manière dont il organise sa vie.

Il y a néanmoins des limites à l'exercice, que la crise que nous vivons ne manque pas de nous rappeler : si penser l'économie du don implique de former l'individu à cette généreuse idée, c'est bien parce que le système capitaliste porte en lui un germe d'égoïsme qu'il sera difficile d'éradiquer. Et on peut penser que ces mouvements de réforme internes au capitalisme n'auraient jamais vu le jour sans une critique radicale du capitalisme que ces mouvements n'ont pourtant pas vraiment formulée. Il n'est probablement pas le fruit du hasard que les excès du capitalisme se manifestent dans les périodes où la critique se fait moins acerbe - que la gauche européenne ait renoncé à sa mission traditionnelle d'écharde dans la chair de l'économie capitaliste a peut-être contribué à lui laisser la bride sur le cou !

51SXo1ldtZLQuoiqu'il en soit, je vous invite à lire l'ouvrage qu'Isaline Bourgenot Dutru a consacré à François Neveux, un des premiers entrepreneurs français engagés dans l'économie du don ! Vous y trouverez le même enthousiasme que celui qu'elle a manifesté au cours de ce déjeuner !

Fabienne Chabrolin

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