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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
14 mars 2012

Quand l’argent n’est plus sale…

Mardi 13 mars

73758272Aujourd’hui, nombreux, comme d’habitude, nous accueillons, presqu’à l’heure Pascal Hennequin, Coordinateur, chargé de projets à l'APEAS (Agence Provençale d'Economie Alternative et Solidaire) qui regroupe une cinquantaine de structures. L’APEAS « accompagne l’émergence d’un mouvement de citoyenneté économique en PACA et ailleurs ».

(Vous voulez en savoir plus ? Visitez http://www.apeas.fr/)

À ce titre, il fut le coordinateur du dernier festival d'économie alternative "FESTI'FRIC" à Salon-de-Provence.

Par ailleurs, il est également photographe et réalisateur à temps partiel – Focus 21. La photo, c’est bien beau, mais il n’est pas facile d’en vivre.

Le débat : Face à la crise, quelles innovations monétaires et sociales ? est animé par Jeanne MAZEL, responsable d'émission à Radio-Dialogue, 89.6.


Les monnaies complémentaires.
Nous les connaissons tous sans y prêter attention, d'autant plus qu’elles sont souvent fort éloignées de nos préoccupations du jour. Les cartes de fidélité des grands magasins, par exemple, peuvent être considérées comme des monnaies complémentaires, puisque par l’accumulation de points, et non pas d’€uro, elles permettent d’acheter des objets ou des services. En fait, on a l’habitude des monnaies complémentaires ; la carte RTM en est une.

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Les S. E. L. Systèmes d’Échanges Locaux, nés à Torronto (Canada), développent la solidarité entre des gens qui s’échangent des savoirs et des compétences. Ils recréent du lien. Il y en a deux à Marseille.

Les « Palmas », sont nés dans une favella du Brésil. Après avoir conquis de haute lutte, l’accès à l’eau courante, après avoir convaincu de la nécessité d’urbaniser le bidonville, la question du développement économique de la favella s’est rapidement posée. Comment faire, pour que ceux qui allaient travailler en ville puisse être encouragés à consommer local et localement et comment faire pour que ce petit flux monétaire ne s’échappe pas immédiatement de la favella pour rejoindre inexorablement l’Amazone des flux financiers internationaux (97n% des flux monétaires de la planète sont liés à la spéculation).

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Les « Palmas », monnaie inconvertible (ou presque) permettait de répondre à cette question. Un système de micro-crédit remboursable en monnaie locale a même pu être mis en place. La Banque centrale du Brésil a fini, après leur avoir causé quelques soucis (de légalité), par les aider à se structurer.

73758274Pascal Hennequin cite également les « Accorderies » de Montréal. Système comparable aux S. E. L. mais visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Ils concernent en premier lieu les nouveaux immigrants.

Ainsi que « Sol », comme solidaire, carte à puce à Toulouse. Adossée au Crédit Municipal, elle permet d’acheter des produits solidaires. En ciblant les achats, on  aide au développement économique local.

Il y a ainsi en France de nombreuses initiatives de développement local au travers de monnaies abeillecomplémentaires ; la Luciole ou la Bogue en Ardèche, la Roue à Avignon, les Abeilles à Villeneuve sur Lot, le Sol-Violette à Toulouse, la Commune à Roanne, le Nostra à Salon de Provence, la Mesure à Roman, la Sonnante à Lannemezan et beaucoup d’autres. Amusez-vous à les « collectionner » sur http://monnaie-locale-complementaire.net/france/.

A Marseille, nous avons même le Gaston, monnaie culturelle dans la perspective des manifestations off de Marseille 2013 !

En fait, il faut se demander ce qui est important aujourd’hui, l’accumulation de richesses, ou bien l’échange, la préservation de la nature, d’un tissu social…

Il y a dans le monde cinq grandes monnaies. On peut les comparer avec les espèces cultivables dans l’agriculture. Moins il y en a, plus elles sont fragiles. De plus nous sommes à la merci de leur disparition, d’où la recherche de biodiversité. Et bien, pour les monnaies, c’est pareil. Il faut des monnaies complémentaires (pas alternatives) hors ou en marge des grands systèmes. Nos économies n’en seront que plus fortes.

L’intérêt des monnaies complémentaires est d’améliorer la résilience (capacité à absorber les chocs, à se remettre en selle), de permettre une relocalisation des échanges et d’apporter une dynamisation locale.

Et puis, il ne faut pas l’oublier, certains se « contentent » de donner, dans une logique de partage.

Quoi qu’il en soit, rappelons-nous que la monnaie circulant dans notre pays ne représente que 7 % de la masse monétaire. Le reste, c’est du crédit.

Les questions sont :

  • quelles solutions pour éviter le passage par la carte de crédit ?
  • comment ne pas laisser les banquiers gouverner le monde ?

post_3743_1286656780_thumbAprès le déjeuner, la traditionnelle session de questions / réponses s’est principalement attachée aux aspects pervers potentiels de tels systèmes. Au delà du risque de monnaie locale établie par un potentat de la même eau, qui nous renvoie à des époques lointaines de notre passé (la monnaie du patron qu’on ne peut dépenser que dans ses boutiques), il est fait mention de risques de renfermement, de repli sur telle ou telle communauté.

Il s’agit de financer des projets qui ne pourraient pas l’être autrement. Il semble que se soit une erreur de vouloir écarter de ces projets les politiques locaux. En tout état de cause, il ne faut pas perdre de vue l’objectif social au sens le plus large du terme de ces monnaies complémentaires qui n’ont pas vocation à remplacer les monnaies officielles, mais à créer un micro marché hors du système financier international.

François Cassin


Pour en savoir plus :

- Les SEL des Bouches du Rhône : http://www.selidaire.org/spip/article.php3?id_article=841&id_dept=13

- "Au cœur de la monnaie"  de Bernard Lietaer, économiste et universitaire belge, Yves Michel, GAP éditions, 2011

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Commentaires
F
Merci pour ce bel article intéressant et détaillé !
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