Les Roms : le changement c'est maintenant !
Avec Madame Caroline GODARD,
Responsable Ressources et Documentation de l'Association "Rencontres Tsiganes",
Les Roms, qui sont-ils ?
On les accuse de beaucoup de choses, mais les connaissons-nous ?
Tous les Tziganes d'Europe viennent d'Inde, via la Perse et la Turquie. Leur présence en France est attestée dès le 15ème siècle. On les a nommées de tellement de manières : Roms aujourd'hui. Yougo hier, Manouches dans l'Est de la France et les Pays de la Loire, Gitans dans le Sud de la France et en Espagne, Cinti dans le Nord de l'Italie, on les appelait plus généralement Tziganes.
Le terme de Roms, qui est le mot choisi par la Communauté Européenne, équivalent de Tzigane, désigne indistinctement l'ensemble de ce peuple indo-européen.
Depuis quelques années, ils se sont dotés d'un drapeau et d'un hymne, mais tous n'adhèrent pas à cette volonté de "créer" un peuple transnational.
L'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'Union Européenne en 2007 s'est accompagnée d'un régime spécial et transitoire (jusqu'à fin 2013) les concernant. Ils ont un accès réduit à l'emploi et demeurent soumis à l'autorisation de séjour. Contrairement à la plupart de ses voisins, la France refuse de mettre fin à ce régime, pour des raisons économiques.
À Marseille, il y a environ 2000 roumains. Les Bulgares sont plutôt vers Bordeaux. On les voit de plus en plus essentiellement parce qu'ils ont été chassé des "squatts" (plus discrets) qu'ils occupaient.
Pourquoi sont-ils à ce point rejetés ? Y a-t-il quelque chose de plus violent qu'avec les autres migrants, alors que 90 % des tziganes de notre pays ne sont pas nomades et ne cherchent qu'à s'installer.
Ils émigrent car :
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Ils sont discriminés dans leurs pays d'origine,
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Les guerres les chassent (cf. Balkans)
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La misère les pousse à aller chercher ailleurs une vie meilleure,
Certains sont même devenus apatrides, leur pays d'origine ne les reconnaissant plus (ex Yougoslavie)
Les Roumains et les Bulgares, quant à eux, ne sont pas des "sans-papiers", puisqu'ils sont citoyens européens, mais ils n'ont le plus souvent plus rien dans leurs pays respectifs.
Notons que les citoyens roumains non-roms émigrent autant que leurs compatriotes Roms.
Quoi qu'il advienne, il est certain que la plupart resteront sur le territoire français. Il va falloir "faire avec".
Quelles solutions donc ?
A priori, le changement, ce n'est pas pour tout de suite. Les expulsions se poursuivent. Il devait y avoir des propositions alternatives à l'expulsion, mais on ne peut pas les qualifier de sérieuses (cf. quelques nuit d'hôtel. En attendant. Mais quoi? )
Cela pose des problèmes pour leur santé et leur suivi. Quant à la scolarisation des enfants, les expulsions à répétition n'aident pas.
Il existe forcément des solutions. Mais a-t-on envie de les trouver?
On pourrait, par exemple, trouver des terrains viables et stables qui leur permettrait de se poser et de se structurer, mais qui en a envie?
En tous cas, il ne faut pas organiser une guerre des pauvres, en opposant les plus défavorisés d'entre nous à une quelconque compétition (guerre des pauvres).
Certains, beaucoup peut-être, trop sûrement, sont délinquants. Est à cause de leurs origines, ou à cause de la misère ?
Sont-ce les Roms qui nous font peur, ou leur misère qui nous dérange ?
Est-il "raisonnable" d'avoir peur ?
Autant de questions qui demeurent posées.