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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
26 novembre 2012

LES RENCONTRES DÉTENUS/VICTIMES :UNE EXPÉRIENCE DE JUSTICE RESTAURATIVE

Avec  M. Robert CARIO, Criminologue,Directeur de l'Unité des Sciences Criminelles comparées de l'Université de Pau et des pays de l'Adour

Débat animé par Werner BURKI, Pasteur,Ancien Aumônier National des Prisons de la Fédération Protestante de France.

 

Pour Werner BURKI, qui introduit la conference, notre société n'est actuellement pas très brillante. La confiance est en baisse partout :famille, école, justice et prison. Paradoxalement, c'est à la prison qu'on demande le plus, pour éradiquer le mal, l'enfouir, l'éloigner, le détruire.

Face à la violence, nous réclamons la justice, ou plutôt la punition. Cependant,  là où la famille, l'école, l'Église ont échoué, il n'y a pas de raison que la prison réussisse.

"Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés."
(Mt 5,6 version L. Segond)

Pour Robert CAIRO, il s'agit, dans ce monde de souffrance, de retrouver en l'autre son humanité.
La justice restaurative n'est pas tout à fait une nouveauté. Howard ZEHR (mennonite) est un des fondateurs de cette discipline. Il s'est intéressé à la question pénitentiaire et à la réconciliation des individus. De plus, bon nombre de civilisations dites archaïques ont des processus comparables : Maori de Nouvelle-Zélande, Inuits, amérindiens, pays africains ont des systémes traditionnels de régulation pacifique des conflits.

On assiste actuellement à une inflation pénale, populiste, galopante. Huit dénonciations sur dix sont classées sans suite. Les peines privatives de liberté sont d'une longueur bien trop importantes au regard de ce que pourrait porter comme sens la peine privative de liberté. Leur durée a plus que doublé en une trentaine d'années, sans incidence notable sur le phénomène. Par ailleurs, le nombre des homicides est à un niveau historiquement bas dans la plupart des pays développés, dont le nôtre.

Alors, la seule explication à ces demandes récurrentes de plus de répression, c'est qu'elle cache l'indigence de la prévention.

On assiste aujourd'hui à une "montée en puissance" des victimes. Leur place est enfin équilibrée par rapport à celle de l'infracteur, ce qui était loin d'être le cas jusqu'à présent. Le plus souvent, aucune des personnes concernées, infracteur ou victime n'est satisfaite à l'issue du procès.

Comment a-t-on pu imaginer qu'un procès soit équitable sans que la victime y soit considérée comme partie ? La justice restaurative s'intéresse aussi à cet aspect. La France est en train de s'y mettre.

 

Les conditions de la justice restaurative :

-        Doit s'inscrire dans le procès pénal,

-        Doit respecter les droits humains,

-        Et les principes fondamentaux de la procédure.

Dans d'autres pays, il existe des processus qui ne sont pas dans le champ de la justice pénale. C'est difficile à imaginer en France, puisqu'à peu près tout est pénalisé. La moindre déviance fait l'objet d'une pénalisation.

Après tout, il semble que ce soit le souhait de la majorité d'entre nous.

Dans le procès pénal, les institutions "confisquent" la parole tant aux infracteurs qu ‘aux victimes.

Le processus restauratif doit s'inscrire dans le processus pénal, garant du respect des droits humains au sens large. C'est un processus volontaire et dynamique.

Avec la justice restaurative, infracteurs et victimes "apprivoisent" le dispositif pénal. La notion de volontariat est très importante et doit être vérifiée par la présence de professionnels.

Il s'agît d'éviter la vengeance vindicative, pour favoriser la vengeance vindicatoire.

Les outils de la justice restaurative, essentiellement :

-        Médiation,

-        Groupe familial,

-        Rencontres détenus/victimes,

-        Cercles de soutien et de responsabilité,

Sans que cette liste soit limitative.

Le processus peut se dérouler sans rencontre (les parties prenantes peuvent ne pas le souhaiter ou ne pas en avoir la force), l'important, c'est que le processus se déroule.

Il s'agît d'une négociation. Il faut donc une participation active des parties.

 

Les conséquences de l'acte doivent rester de la compétence du juge pénal. La justice restaurative ne traite que des répercussions. L'acte commis est définitivement inacceptable. La question du pourquoi n'est jamais posée au cours de la procédure.

La justice restaurative va travailler sur les répercussions et pas seulement sur les victimes directes (cf violences conjugales, répercussions sur les enfants ou le conjoint d'une personne victime d'un viol). Elle tente de répondre au plus grand nombre de comment et de pourquoi que se posent les différents intervenants : infracteurs, victimes, proches des infracteurs ou des victimes. Pour que ça ne se reproduise pas ou pour que ça ne suscite pas d'autres actes répréhensibles ou préjudiciables.

Aujourd'hui, on constate que la justice restaurative, (comme la remise de peine) favorise la réinsertion.

En poursuivant la resocialisation de l'infracteur, la réparation de la victime, et le rétablissement de la paix sociale, la justice restaurative obtient un apaisement des parties prenantes et une baisse de la récidive d'un tierschez les infracteurs.

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