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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
4 décembre 2012

La pensée de Gabriel VAHANIAN, théologien protestant (1927 - 2012)

La pensée de Gabriel Vahanian, théologien protestant (1927 - 2012) - Déjeuner-débat du 4 décembre 2012 - L'invité du jour est le pasteur Werner BURKI.

C'est à l'âge de 34 ans que Gabriel VAHANIAN s'est fait connaitre par la publication en 1961 aux Etats-Unis du livre "La mort de Dieu". Appellées également "théologies radicales", les théologies de "la mort de Dieu" virent le jour dans les années 60. Ces théologies furent principalement étayées par des théologiens protestants américains tels que Paul Van Buren, Thomas Altizer ou le rabbin Richard Rubenstein.

 

Non pas changer DE monde, mais changer LE monde !

 

1/ L'homme et l'ami.

Né à Marseille, le 19 janvier 1927, Gabriel Vahanian a été poussé par son institutrice à passer le concours d'entrée au lycée Thiers. Déménageant l'année suivante, il réussit son baccalauréat es lettres au lycée de Valence en 1945. Il rejoint ensuite Paris où il réussit le diplôme de l'École des Hautes Études à la Sorbonne en 1948 ainsi que son baccalauréat en théologie à la Faculté de Théologie Protestante. Il décroche une bourse pour étudier à Princeton et y obtient son master en 1950. En 1955, il devient professeur-assistant au séminaire de Princeton et décroche son doctorat en 1958 avec une thèse sur le sujet : "Le Protestantisme et les arts".

Une fois son doctorat obtenu, Gabriel Vahanian reste aux États-Unis et est embauché par l'université de Syracuse où il crée le programme d'études du troisième cycle en religion. En 1961, son livre La Mort de Dieu est salué par Rudolf Bultmann qui le considère comme un événement majeur dans la critique théologique. Pour Vahanian, "la mort de Dieu" est arrivée quand Dieu s'est transformé en un artefact culturel. Il était alarmé par la réification de Dieu.

C'était un homme simple, ouvert aux autres, mais très exigeant. On ne pouvait pas jouer au savant avec lui. Il était profond et précis, il ne souffrait pas la médiocrité.

Il était souvent difficile à comprendre. On lui a parfois reproché d'écrire pour ne pas être lu.

Une des plus grandes frustrations de Gabriel VAHANIAN était de ne pas avoir été entendu (de son vivant) comme il aurait dû l'être.
Il est effectivement étonnant qu'il ait eu si peu de rayonnement en France, alors qu'il est mondialement connu.

2/ Sa théologie.
"L'ère chrétienne nous a légué la "mort de Dieu", mais pas sans nous donner une leçon. Dieu n'est pas nécessaire, c'est-à-dire qu'il ne peut pas être pris pour acquis. Il "ne peut pas simplement être pris comme une hypothèse, qu'elle soit épistémologique, scientifique ou existentielle, sans quoi nous devrions tirer la conclusion "dégradante" que "Dieu est raisons". D'un autre côté, si nous ne pouvons pas supposer que Dieu est, nous devons alors reconnaître qu'il doit être. Dieu n'est pas "nécessaire, mais il est inévitable". Il est totalement autre et totalement présent. La conversion de notre réalité humaine, à la fois culturelle et existentielle, "est la demande qu'il continue à nous faire."

VAHANIAN affirme que la religion, loin d'être opposée au séculier, trouver son accomplissement précisément dans le monde sécularisé. "Nous n'avons pas compris la notion johannique de la parole qui se fait chair, même comme formulation de Dieu, tant que nous ne réalisons qu'elle doit se concrétiser en incarnation de cette parole, également dans sa pertinence séculière."
C'est peut être grâce ou à cause d'idées comme celle-là que paradoxalement ce sont des éditeurs catholiques qui ont publié la plupart de ses livres. (N.D.L.R.)

a) Le salut.
En Christ, Dieu assume notre condition et, comblant le fossé creusé par nos péchés entre lui et nous, nous donne accès à la vie.
Le salut, c'est la vie : vivre en Christ, c'est faire du corps une vitrine de l'âme, de la chair un haut-lieu de l'esprit.
En bon juif qu'il est, Jésus n'annonce pas d'autre salut qu'un salut qui consiste, non à changer de monde, mais à changer le monde.

La théologie ne se fait pas dans le vide, mais en fonction des circonstances propres à une situation particulière. En l'occurrence, le salut consiste à rompre avec le passé, comme on doit rompre avec la coutume, acquise par expérience.
Le salut n'est pas non plus affaire de dogme ou de doctrine. L'apôtre Paul va jusqu'à dire que même la Loi peut en barrer le chemin (La Bible : épitre aux Romains, chapitre 9, verset 30).
Être sauvé, c'est entrer dans le royaume(1), c'est faire corps avec le Christ, en qui, puisqu'il n'y a plus ni Juif ni Grec, nous sommes tous au service les uns des autres. "Toute la nouveauté de l'Église tient de cette manière de porter le salut au monde, de faire du service des autres un salut".
Le salut porte exclusivement sur la relation de l'homme avec Dieu.
Le problème n'est-il pas aujourd'hui de savoir ce qu'être sauvé peut vouloir dire ? Et sauvé... de quoi ?

Quand Luther s'insurge contre le trafic des indulgences, c'est en même temps toute une conception du salut qu'il remet en cause.  "Quel est ce Dieu qui me sauve ?"  C'est uniquement pour plaire à Dieu qu'on fait ce qu'on à faire."

Il n'y a d'autre monde que ce monde où l'homme doive vivre par la foi. En conséquence, vivre par la foi n'est possible qu'à la condition de changer, non de monde, mais le monde, comme il a été rappelé plus haut.

Nous devons choisir entre une morale de la culpabilité et une éthique de la responsabilité.  Pour être pécheur, il n'est pas nécessaire d'avoir commis une faute : on peut l'être encore plus quand, précisément, on croit n'en avoir point commis, n'être responsable d'aucune faute.  "Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle" (La Bible : évangile de Jean, chapitre 3, verset 7). La conception chrétienne du salut s'écarte de la notion biblique du salut.

b) L'illusion du sacré.

Aucune situation humaine n'est étrangère au christianisme. Tout l'art du protestantisme n'est-il pas de séculariser la religion et de spiritualiser la culture ? Le christianisme est la religion de la Parole et non du Livre. La Bible n'est pas faite pour être lue, mais pour lire le monde. Pour Luther, elle est le berceau où se trouverait l'enfant, la parole. Calvin l'assimile à une paire de lunettes, dont on se sert pour mieux voir. Il n'y a pas de Bible en dehors de se propre interprétation.

Vahanian s'insurge contre la "disparition" du prêche. "Une Église qui ne prêche pas ce qu'elle pratique est une Église qui ne pratique pas ce qu'elle prêche".

c) Eschatologie.

Le monde, nous dit l'évangile de Jean, est tellement aimé par Dieu qu'il lui fait don de son Fils Unique (Evangile de Jean, chapitre 3, verset 16). Démythologisation, désacralisation, déconstruction sont ainsi les trois pivots de cette méthode qui prétend que, l'ordre du monde n'étant qu'un ordre des mots, vie et mort sont au pouvoir du langage (La Bible, livre des Proverbes, chapitre 18, verset 21). Je constate que, du Jardin d'Eden à la nouvelle Jérusalem, ou bien des Hespérides aux portes de Thulé, comme d'Ur en Chaldée à la Terre promise, il n'a été pour l'homme question que de repousser les frontières de l'humain en vue d'une cité idéale, d'une humanité à la fois solidaire et spontanée. Le Dieu qui sauve est aussi le Dieu qui crée, et tout homme que Dieu crée est tout l'homme. Né en Égypte, Israël est un peuple sans racines. Lui fait écho l'Église qui affirme que, étant tous des étrangers, en Christ, nous faisons corps les uns avec les autres, car il n'y a plus Juif ni Grec, homme ni femme, maître ni esclave. Nous libérant de l'homme ancien, la rédemption nous affranchit de l'histoire : le Dieu qui est plus proche de moi que je ne le suis de moi-même est cependant un Dieu qui est à égale distance de tous. Il est l'Autre radical.
N'est utopique que ce qui est réalisable.

A l'inverse des traditions orientales qui relèvent en gros du paradigme sacral, j'ai prétendu que, puisée à la source grecque autant qu'à la source hébraïque, la tradition chrétienne fait appel au paradigme utopique du religieux. A l'inverse des religions orientales, pour lesquelles le but de la vie religieuse consiste à changer de monde, l'Occident est marqué par la démarche diamétralement opposée qui consiste à changer le monde.

d) Église et théologie

Rien d'étonnant alors si, pour Luther, Dieu est Dieu en tant qu'il est Deus pro nobis - Dieu pour nous -,s'il faut qu'en Christ nous soyons ce que nous ne sommes pas, à la fois justes et pécheurs. Et si pour Calvin l'honneur de Dieu se mesure moins à sa toute-puissance qu'à la contingence de son règne, se caractérise moins par une invitation à changer de monde que par un engagement envers Dieu consistant à changer le monde. La spiritualité ne consiste pas à fuir le monde, mais à le transformer. C'est une éthique plus qu'une mystique.

De révolution politique en révolution industrielle, la satisfaction des conditions matérielles, individuelles et sociales absorbe d'autant plus de temps que progressivement s'améliore la qualité même de la vie. La mentalité de l'époque est cependant moins athée que sceptique, moins matérialiste que scientiste. Un vrai sceptique est amené à douter de l'athéisme. Quant au scientisme, il n'en caricature la science pas moins que nos théologies n'obturent la parole ou que nos coutumes religieuses ne travestissent la foi. De la physique à la biologie, l'homme échappe à la science, de même qu'avec Adam, il échappe à la nature et se définit ultimement sinon exclusivement par son rapport à Dieu.

La théologie est bien une fonction de l'Eglise, un salut dans le sens où par là l'Eglise s'expose au monde plutôt qu'elle ne s'impose au monde. L'Eglise s'expose au monde par sa prédication et par sa confession (credo).

La théologie empêche l'Eglise de se résorber dans le Nouveau Testament comme elle empêche le Nouveau Testament de se résorber dans l'Ancien Testament. Elle empêche le christianisme d'être une religion du Livre, c'est une religion de la parole, la parole qui prend corps dans et fait corps avec l'Eglise, corps du Christ, c'est-à-dire une Eglise au creuset de la parole.
(Cela ne veut, pas dire pour autant qu'il faille rejeter le Livre. Mais ne pas en faire une idole.)

En effet, qu'il s'agisse de la théologie comme reine des sciences ou qu'il s'agisse de la philosophie comme science au fondement de toutes les autres sciences, nous sommes confrontés à une seule et même ambition, à savoir : contempler le monde ou considérer la condition humaine d'un point de vue qui serait celui de Dieu ou son remplaçant - autrement dit, voir les choses avec l'œil de Dieu, pour ne pas dire, selon l'expression familière, à l'œil. Mais qu'importe, qu'une telle approche soit axée sur l'absolu ou l'idéal, elle ne peut être soutenue qu'à raison d'une méthode qui  détourne les mots en les énucléant de leur contexte normal avant d'obérer leur capacité de signification en leur assignant un rôle moral de prescription au lieu d'en respecter la fonction purement descriptive qui, seule, leur convient. Il n'empêche, les mots sont têtus. Ils vous fauchent l'herbe sous les pieds de tout absolu ou, si l'on fait fond sur eux,  ne tarissent pas de se transformer et deviennent à votre insu comme puits sans fond.

Après tout, si tant est qu'un discours théologique consiste moins à nommer Dieu qu'à le dé-nommer,  pareil discours, je le demande, pour quel dessein voudrait-il s'avachir jusqu'à sombrer dans le mirage d'un "vocabulaire final" où Dieu ne serait plus un mot comme les autres mots du dictionnaire, mais un mot d'ordre servant à boucher les trous du langage avant de le réduire en vecteur d'une idéologie ? La théologie, c'est vraiment tout le contraire d'un vocabulaire final, s'il faut, en particulier et conformément à la tradition biblique, que Dieu soit parole : on ne peut adorer Dieu sans en faire une idole, mais pour autant rien n'est plus réfractaire à l'idole que le langage.

Dieu n'est avec nous qu'en étant aussi le Dieu des autres.

Reconnaître qu'on est pécheur est, à tout le moins, aussi important que de prendre conscience de la perfection qu'on est censé refléter en vertu du fait qu'on est créé à l'image de Dieu.

C'est qu'en effet ce qui rend la science exemplaire, comme le souligne Rorty, car elle peut nous offrir un modèle de solidarité humaine ; modèle qu'elle nous offre dans la mesure où, toutefois, elle n'exerce aucun pouvoir à moins de le partager ; et où elle veut s'acquitter de la vocation qui lui est propre, l'humilité de la connaissance, et non humilier tous ceux qui en sont exclus.

Dieu n'est pas Dieu sans le monde.

L'homme utopique est l'homme en route vers son "vrai pays" (Calvin) et qui, entre temps, comme l'indique l'épître à Diognète, considère toute patrie comme une terre étrangère, toute terre étrangère comme une patrie. C'est l'homme qui a partie liée avec tout homme, et pour qui la communauté est une affaire, non du sang qui coule dans ses veines, mais du sang versé pour lui par celui qu'on rejette. La communauté consiste, au contraire, à inclure l'étranger : là est l'épreuve de sa véritable authenticité. A l'absolutisme de la notion romantique de complémentarité, elle substitue l'utopisme de la notion pratique, voire pragmatique, de compatibilité. Au lieu de se dire par "eux" et "nous", elle se dit par "je" et "tu".

L'être est un enchaînement de l'être, comme le rappelle saint Augustin quand, pour dénoncer cet enchaînement, il met en scène les créatures.

Aucune créature ne sait par qui elle a été ainsi faite et il lui est conseillé de s'adresser à la suivante, et ainsi de suite jusqu'au sommet de l'échelle, à l'homme qui, par sa capacité d'en glorifier Dieu, fait aussitôt savoir qu'avec l'homme Dieu est à égale distance de tous comme de tout ce qui est , ne serait-ce que parce que l'homme reste à faire (saint Thomas) ou qu'il dépasse l'homme, infiniment (Pascal) et que l'humanisation est affaire de solidarité, non d'exclusivisme tribal.

"Dieu est au langage ce qu'un poème est aux mots ordinaires. C'est un langage qui s'éclate, c'est l'homme qui revient, qui naît à nouveau."

Le christianisme est une religion de la parole, qui guérit, qui apporte sa consolation. Les gens ne se parlent pas. Or, il suffit de se parler pour que les difficultés et autres sources de conflit s'atténuent et disparaissent. La parole ne peut avoir lieu qu'entre deux êtres qui ne s'asservissent pas l'un l'autre, qui se regardent comme des égaux. On n'a jamais appris quoi que ce soit à quelqu'un si l'on n'a pas, en retour, appris quelque chose de ce quelqu'un.

La parole, c'est aussi ce qui manifeste l'amour. N'est-ce pas à partir du moment où l'on se parle que l'on tombe amoureux ? L'amour, c'est quand deux êtres s'entendent et qu'ils ne sont pas faits l'un pour l'autre. Et quand bien même ils seraient faits l'un pour l'autre, ils ont encore besoin de s'aimer. Dès que l'on se parle, tout est possible. Surtout l'impossible.

"Ce n'est pas l'homme qui cherche Dieu, ni la nature qui mène à Dieu, même si Dieu n'est jamais Dieu sans la nature ; c'est Dieu qui cherche l'homme : Il n'est pas Dieu sans l'homme. Aussi l'homme en est-il la condition, tout comme le tombeau vide est la condition, non de l'homme idéal qui se prendrait pour Dieu ou pour le petit Jésus, mais du Christ ressuscité – de l'homme tout court, l'autre par qui nous devons passer quand Dieu vient à nous."

3/ Que restera-t-il de son œuvre ?

L'interrogation principale de Gabriel Vahanian concernait la place de la religion dans l'histoire contemporaine, dans le monde et la culture. Et quoi qu'il advienne, cette interrogation demeure après lui.

Sa profession de foi :

Je crois en Dieu,
le Tout Proche,
plus que l’homme ne l’est de lui-même
et que le ciel ne l’est de la terre.
Je crois en Jésus-Christ,
en qui l’homme est la condition même de Dieu,
plus que l’homme ne l’est de lui-même
et que l’absolu ne n’est du divin.
Arrhes et vertu de l’Esprit,
il est natif de l’humain.
Crucifié et mort sous Ponce Pilate,
il accepte la mort mieux que nous n’acceptons la vie,
et nous fait don de sa vie au lieu d’en mourir.
Et il vit.
Il vit là où,
événement de Dieu, l’Autre radical,
l’homme est à portée de l’homme.
Face humaine de Dieu, seule espérance des vivants et des morts,
il vient pour libérer l’homme de ses idoles
et lui rendre un visage divin.
- Je crois en l’Esprit Saint,
le Vivant,
en qui faisant corps avec nous mêmes
nous sommes agrégés au Corps du Christ.
- Je crois en l’Eglise,
prolepse(2)du Dieu qui vient et renouveau du monde ;
l’homme,
prolepse de l’homme nouveau et avent du Dieu qui règne.

Gabriel Vahanian est mort le jeudi 30 août 2012, à son domicile de Strasbourg, à l'âge de 85 ans.

La mort : comment accepter de perdre sans retour ceux qu'on aime, accepter sa propre fin ? Mais est-ce qu'une vie après la mort donne une réponse ? La mort est un phénomène naturel qu'il faut accepter comme tel, tout en sachant, et c'est là qu'est la consolation, que c'est seulement quand on l'accepte qu'elle ne détient plus le dernier mot. Jésus répondait à qui voulait savoir ce qui arriverait après la mort : "Cela ne te regarde pas, toi pour l'instant tu me suis."

(1) La Bible : première épître aus Thessaloniciens, chapitre 2, verset 12, épître aux Galates, chapitre 5, verset 21, première épître aux Corinthiens, chapitre 6, verset 9, et épître aux Ephésiens, chapitre 5, verset 5

(2) prolepse = figure de rhétorique par laquelle on prévient une objection en la réfutant d'avance.

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