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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
27 mars 2013

Marseille, capitale de la culture : un OFF, pour quoi faire ?

Marseille, capitale de la culture : un OFF, pour quoi faire ? - Déjeuner débat du mardi 26 mars 2013, avec Stéphane SARPAUX, journaliste, directeur du festival OFF "Marseille2013".

Tout savoir sur le Festival Off :

"Marseille2013"

plaideur_26_mars_2013Ce mardi 26 mars 2013 de 12h30 à 13h55, le parvis du protestantisme accueillait Stéphane SARPAUX, Journaliste au RAVI, média satirique régional, Directeur du Festival OFF Marseille2013. Thème abordé : Marseille Capitale de la culture ; un OFF, pour quoi faire ? Thierry SCHOLLER nous l’a présenté, après avoir connu la petite angoisse de l’organisateur qui ne voit pas venir son conférencier : Stéphane n’ayant pas trouvé de vélo disponible est arrivé en courant.

Cet organisateur à l’allure très jeune, mais déjà père de deux enfants, qui dit « oui » à tout (c’est son aveu) vient de Dunkerque et il travaille ici depuis 10 ans. Stéphane nous a donc conté comment s’est concrétisée cette aventure du OFF. Rappelons qu’à Avignon, le OFF existe maintenant depuis 30 ans.

Tout commence en 2004. Martin Carrese, Antonin Doussot et Eric Pringels, trois artistes marseillais parient que Marseille serait capitale européenne de la culture en 2013. Ils déposent les noms de domaines marseille2013 ainsi que la marque « Marseille2013 ». Six mois plus tard, la ville de Marseille se porte officiellement candidate. Des visionnaires en quelque sorte. Marseille2013 se transforme alors en appel à projets pour faire contribuer à la candidature. Au final, plus de 200 projets auront été déposés sur le site. En 2008, Marseille gagne le label. Bernard Latarjet propose 5 000 € pour reprendre toute l’affaire et c’est « non merci ». En 2012, Marseille2013 organise plus de 20 événements et touche près de 25 000 personnes. En 2013, la programmation prévoit un événement par mois, un réseau de lieux labellisés et encore plusieurs surprises en cours de montage.

Marseille2013 souhaite replacer l’artiste marseillais au cœur de la capitale européenne en organisant des manifestations décalées et impertinentes qui se basent sur les paradoxes de la ville. Les créateurs du OFF écrivent ce texte :

« Ville cosmopolite mais esprit villageois, ville urbaine mais verte, ville portuaire mais tournée vers l’intérieur, ville morte la nuit mais prochaine capitale européenne de la culture, ville qui désigne des élus mais qui est gouvernée par d’autres, ville de chaos urbain mais qui tend à la normalisation, ville incontrôlable mais prévisible, ville monde mais qui ne pense qu’à Paris, ville raciste mais solidaire, ville repoussante mais attachante, Marseille nous séduit et nous révulse par ses multiples paradoxes. Elle agit en nous comme un aimant qui aurait le plus et le moins sur le même côté. Et c’est cela qui précisément en fait sa particularité en France et même peut-être en Europe. » A partir de là, quatre axes de programmation ont été définis

 Merguez Capitale : Marseille est cosmopolite, Marseille est un village

« Marseille est une ville monde où toutes les communautés ont fini par trouver, avec plus ou moins de bonheur, une place pour vivre. La ville n’a pas une identité, elle s’est construite avec la sédimentation des afflux de populations émigrées. Tout est ici bigarré et surprenant. Mais Marseille n’est pas une métropole pour autant. Les 111 villages font perdurer l’esprit de clocher qui empêche souvent de voir plus loin que le bout de son nez ». A ce concept : 3 événements seront rattachés : Yes We Camp - Klaxon - 2013 Portrait de Familles.

 Mytho City : Marseille se transforme, Marseille se la raconte (grave)

« Des bâtiments sortent de terre, des quartiers se redessinent, des rues se réinventent… mais à la vitesse d’un escargot qui prendrait le soleil sur un transat. Il faut regarder la somme des plans, maquettes et projets qui s’empilent dans les caves de la ville. Car Marseille, avant de bouger, adore se reposer. Depuis Gyptis et Protis, la cité phocéenne adore s’inventer un avenir de métropole Méditerranéenne que personne ne voit jamais se réaliser ». 3 événements rattachés : Le Banquet de Platon qui a eu lieu le 11 janvier avec des problèmes de lieu - PHO - Les actes en silence.

 Poubelle la Ville : Marseille est belle, Marseille est laide

« Marseille est assise sur un site naturel magnifique, la rade est l’une des plus belles d’Europe, les collines qui entourent la ville sont splendides. Dans son chaos urbain, Marseille recèle des trésors connus et cachés. Marseille est une belle fille de Méditerranée. Mais si ces atours sont chatoyants, Marseille a les ongles sales. Ses rues sont envahies par les voitures qui règnent sur les routes. Les trottoirs sont dominés par les déchets et les façades des bâtiments sont noircies par la pollution ». Evénements rattachés : Invisible Design- Poubelle moderne- Extases mythiques.

 Kalachnik’OFF : Marseille est inégalitaire, Marseille est solidaire

Marseille est une ville populaire où les normes bourgeoises n’ont pas cours. La solidarité cimente la ville où l’on adore la débrouille et le système D. Mais le lien social ne tient à certains endroits qu’à un fil… ou plutôt à une barrette de shit. La violence, face noire d’une ville pauvre, envahit les quartiers et les jeunes sont en première ligne. Evénements rattachés : Kino Fada -22 février- Festival international du film Chiant- Phocéa Rock - Trocadanse.

L’événement à venir : Le festival International du Film Chiant en avril avec 18 rendez-vous cinématographiques dans toute la ville et un ciné concert exceptionnel au temple Protestant. D’où le rendez-vous à l’espace Grignan et ce contact avec ses habitués, pas forcément adeptes au OFF, mais toujours ouverts à l’information tous azimuts.

affiche_du_cin_ma_chiant

Rebondissant sur le succès de l’édition 2012 (2 films, 2000 articles), le Festival International du Film Chiant (FIFIC) en profite pour appuyer et étendre sa proposition décalée. Le FIFIC célèbre les chefs-d’œuvre qui dépassent les bornes étroites du divertissement. Contemplatifs, expérimentaux, muets, artistiques, amateurs, courts, politiques, égocentriques, … Le FIFIC salue et relie tout ce qui échappe à la virtuosité « vidéoclip » en partageant des coups de cœur qui prennent le temps, ou le risque d’en perdre certains. En 2013, le festival continue de revendiquer les «handicaps commerciaux » qui font de ces OVNI radicaux des tentatives attachantes d’aller plus loin dans l’émotion, l’expression.

Toujours pas de jury, de compétition ou de stars invitées : le « CHIANT » profite de son succès surprise — de Télérama aux Grosses Têtes de RTL (!) — pour développer son goût des pratiques atypiques, encourager la création et révéler des réalisateurs inconnus.

Ciné concert au temple protestant : au programme cette année, 18 jours, 10 lieux, des workshops spectaculaires, une séance de 15 heures (vous avez bien lu quinze heures, autrement dit, on vient avec sandwiches, oreiller, bouteilles d’eau, etc…), une autre pour les enfants, des projections secrètes, des documentaires sans commentaire, des vidéos d’entreprises, une soirée « Petits mais déjà Chiants », une fête d’anthologie et la production d’un concert mystique salueront plus de trente films récents, voire inédits, mais toujours un peu… bizarre : un bateau de pêche, des vaches, des demeurés, des juifs en exil, un guide d’autoroute, une russe et un lituanien perdus en Sibérie, des leçons de cinéma, la chute du communisme, des bruits assourdissants, un homme qui marche, des vieux.  « Une fois de plus, tout semble mis en place pour ne pas mettre les pieds au Festival International du Film Chiant, et il y aura de nombreux résistants ».

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En conclusion : pour les organisateurs, qui soit dit en passant sont de grands professionnels de la communication dérangeante mais payante, les Marseillais, des boulimiques de culture, des preneurs d’images et d’événements, aiment ce OFF, complémentaire du IN et dans lequel chacun peut trouver son bonheur. Les locomotives de ce OFF ont trouvé les partenaires institutionnels qui leur ont permis d’être crédibles auprès d’autres financeurs. Ils sont impressionnants dans leur démarche et plaisent d’autant plus aux médias qu’avec eux, non seulement on ne s’ennuie pas, mais on s’amuse bien, sans trop débourser et on est toujours dans le domaine de la provocation.

Grâce à Marseille2013, premier OFF dans l’histoire des capitales européennes de la culture, les autochtones et tous les autres vont connaitre au cours de cette année des lieux inattendus. Le calendrier officiel 2013 donne avec moult détails la programmation de tout ce qui va se passer ou se déroule actuellement : c’est un vrai modèle de communication pour qui a envie de se dérouiller les méninges.

Chapeau bas à Stéphane SARPAUX, qui rajeunit dans une saine provocation tout ce qui s’endormait dans la ville. Il faut dire que venu d’ailleurs, et sans aucun préjugé d’aucune sorte, vierge en quelque sorte de tout relationnel, il pouvait se permettre de donner des coups de pieds dans la fourmilière traditionnelle culturelle et réussir là où n’importe quel Marseillais se serait fait laminer. Pour le joindre : stephane@marseille2013.com ou ASSOCIATION M2K13 – 11 boulevard National – 13001 Marseille. En 2014, soyons tout de même sans illusion : IN et OFF s’éteindront certainement devant les acteurs du théâtre politique. Profitons des événements de cette année 2013, unique à bien des égards.

Solange STRIMON

Vous pouvez consulter les articles précédents consacrés à l'évènement Marseille Capitale de la culture 2013 en cliquant sur les liens ci-dessous :

 

Marseille, capitale européenne de la culture 2013

2013, une année Capitale à partager

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Commentaires
M
Bravo Solange pour ce résumé très intéressant sur le OFF. Effectivement le public du Parvis présent ce jour-là n'était pas habitué à ce genre de discours, mais un certain nombre de participants ont apprécié le franc-parler, sans langue de bois de notre invité. Bonne chance au OFF !
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