Le mariage pour tous en débat
MARDI 13 NOVEMBRE 2012
Débat entre Suzanne KETCHIAN,Vice-Présidente de l'association "Lesbian & Gay Pride Marseille", et Frédéric KELLER, pasteur de l'Église Protestante Unie de Marseille-Grignan.
Plutôt que de mariage pour tous, elle préfère parler de mariage égalitaire, car c'est d'égalité des droits dont il s'agît.
Aujourd'hui, on laisse des familles hors la loi. Le fait même d'être une famille pose problème. On leur oppose la procréation naturelle et le schéma traditionnel de la famille : père + mère + enfant(s).
Est-ce que ça doit être le modèle unique de famille ?
Ce que demande son association, c'est la reconnaissance légale de la famille homoparentale, par leur multiplication.
On leur oppose également les droits de l'enfant, or il n'est pas démontré que les enfants de couples homoparentaux ne se portent pas aussi bien que les enfants de couples hétéro. Nous ne demandons que l'égalité pour tous.
De même, il semblerait que mariage implique enfant(s), comme si tous les couples hétérosexuels avaient des enfants. La LGP ne demande que le mariage civil, laïc. (On marie bien des personnes âgées, hors d'état de se reproduire.- N.D.L.R.)
Ce qui est insupportable, c'est la haine de l'entourage.
Dans la plupart des pays civilisés, on a instauré le mariage pour tous les citoyens à part égale
Frédéric KELLER apporte la "contradiction" en abordant la question sous l'angle des principes théologiques et anthropologiques. Il ne souhaite pas s'attacher aux principes moraux – qui ne souffrent pas de discussion – donc pas de débat.
La Genèse, dans ses deux premiers chapitres s'attache à définir la place de l'homme dans le monde. L'écrivain biblique s'attache à distinguer, à séparer, à classer et à nommer.
Il s'agît d'arracher le monde à la fusion, à l'informe, à l'innommé, le sortir du chaos (primordial).
Cette classification est importante pour arriver à se comprendre, pour arriver à saisir le caractère unique de la personne. Dire JE.
Quand je sépare quelque chose de moi, j'institue un TU, une relation.
Le fait de distinguer, de séparer, permet d'instaurer une relation.
Le point ultime de la différenciation dans le récit de la création, sera la différence sexuelle.
N'en déplaise aux tenants de la théorie des genres. La différenciation sexuelle est physiologique et non pas culturelle.
"Homme et femme Il les créa."
C'est dans cette différence ultime entre homme et femme que se manifeste l'image de Dieu. Elle n'est pas un danger, mais au contraire, la complémentarité de l'homme et de la femme est synonyme de vie.
Lors du mariage, l'homme doit quitter son clan, s'arracher à sa tribu pour créer autre chose.
L'autre, différent, s'offre à moi comme un miroir et me permet de mieux me connaître.
Alors, le Mariage pour tous ?
Pourquoi ne pas l'étendre aux polygames (polygynes ET polyandres bien sûr). Après tout, il y a beaucoup de gens qui vivent comme cela. Ceci ne risque a priori pas d'arriver en France, le mariage y étant fondé sur le principe de l'égalité des sexes. Le mariage est une institution fondamentale et symbolique, un rite de passage, dans la plupart des sociétés.
Éliminons ici l'inceste qui est interdit dans toutes les civilisations car il est synonyme de mort et non de vie.
Le mariage a pour mission d'encadrer la transmission de la vie.
Au grand fantasme contemporain du "droit à l'enfant", nous préférons la notion de "droit DE l'enfant". Son rapport aux autres se construit à partir de la différence sexuelle de ses parents.
En conclusion, Frédéric KELLER insiste sur l'aspect sacré de ce rite de passage, affirme que si on a le devoir d'accueillir toutes les situations, on n'est pas obligé de les justifier toutes. la société devrait préserver son langage. Pourquoi utiliser le mot "mariage". Il lui semble qu'il aurait mieux valu faire évoluer le PACS, mais préserver le mot "mariage".
François Cassin