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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog

26 juin 2013

Le théâtre du Merlan et sa "Brigade Magique"

Un moment festif avec le théâtre du Merlan et sa "Brigade Magique" - Déjeuner débat du mardi 25 juin 2013 animé par Thierry Scholler. L'invité du jour est Jean-Marc DIEBOLD, le directeur artistique adjoint du Théâtre du Merlan.

 

Un moment festif avec le théâtre du Merlan

et sa "Brigade Magique"

 

En janvier 2013, à l'occasion des festivités de l'ouverture de la manifestation Marseille-Provence Capitale Européenne 2013, le Parvis du Protestantisme avait accueilli la trapéziste Chloé Moglia. Cette artiste figurait dans la programmation du Théâtre du Merlan qui souhaitait fêter cette année exceptionnelle pour Marseille en proposant à son public des spectacles hors les murs.

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Le théâtre du Merlan est installé dans les quartiers nord de Marseille (14ème arrondissement) et souhaitait que "MP2013" fasse une large part à la créativité des "quartiers", trop souvent oubliés par les pouvoirs publics.

C'est ainsi que l'équipe du théâtre du Merlan a proposé 3 axes de travail :

Le premier consistait à proposer des spectacles dans des lieux inhabituels, voire insolites de la ville. Marseille possède un patrimoine architectural méconnu de beaucoup, voire des Marseillais eux-mêmes : à leur corps défendant, on peut rappeler que l'accès à certains lieux extraordinaires a été empêché pendant de nombreuses années, comme c'était le cas du Fort St Jean. Intégré au MuCEM, cet édifice inséré dans un lieu somptueux, avec une vue à couper le souffle a enfin été rendu au public.

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Le Palais des Arts (ou palais Carli) est aussi un édifice peu connu qui abrite désormais le Conservatoire National de région Pierre Barbizet. Ces lieux ont une vie et peuvent être exploités artistiquement en raison de leur beauté. Le palais Carli accueillera donc une programmation du Théâtre du Merlan fin août : "Agora Terre", du chorégraphe Virgilio Sieni.

Enfin, le spectacle de la trapéziste Chloé Moglia s'inscrivait lui aussi dans cette démarche : le temple protestant de Grignan offrait un écrin parfait aux figures acrobatiques de cette artiste.

P1180384Le deuxième axe de travail visait l'objectif déjà évoqué : rendre présents les quartiers nord de Marseille au cours de cette année "Capitale". A ce jour, Jean-Marc Diebold fait plutôt un constat d'échec. Marseille Capitale, c'est avant tout le Vieux Port, le J4, le centre ville et enfin, quelques musées rénovés. Les quartiers nord sont les laissés-pour-compte de cette année 2013.

Pour comprendre les raisons de cet échec partiel, il faut évoquer deux expériences programmées dans ces quartiers. La première est à l'initiative du théâtre du Merlan et a été plutôt réussie : il s'agissait de transformer pour un temps le théâtre du Merlan en gîte d'étape pour les voyageurs du GR2013 et favoriser ainsi la visite du quartier.

Le deuxième exemple concerne un des projets des "Quartiers Créatifs" : "Les jardins Possibles" à la Busserine (Marseille 13014). Les habitants du quartier se sont rebellés contre MP2013, porteur du projet. Ils reprochent aux organisateurs de proposer à un coût exhorbitant (plus de 400 000 euros) la création de jardins qui ont vocation à disparaître, compte tenu du projet de rocade L2 sur les terrains qui devraient accueillir ces jardins. En somme, les habitants ont du mal à accepter qu'un projet éphémère et si coûteux voit le jour tandis que les besoins de financement pour faire baisser le chômage dans leur région sont si criants. Mais, comme le rappelle Jean-Marc Diebold, les habitants de ces quartiers se souviennent aussi qu'on a sollicité leur créativité en leur demandant de proposer des projets pour cette année Capitale. ILs l'ont fait et n'ont jamais reçu de réponse.

Aussi n'étaient-ils pas enclins à accueillir favorablement un projet "clé en mains" imposé d'en haut et à un tel coût !

Le troisième axe de travail que le théâtre du Merlan s'est imposé est l'axe participatif. Encourager la pratique des amateurs : ainsi en est-il, par exemple, du spectacle déjà évoqué : "Agoras" (Terre, Mer, Ciel).

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Mais c'est aussi le cas du projet de "Brigade Magique" : contrairement aux arts du cirque, l'art de la magie n'a pas connu son aggiornamento ! La création contemporaine ne s'en est pas emparée pour le transformer et lui oter son caractère désuet. Or, cet art est un art de la transmission et du secret : il y donc un grand respect entre magiciens. Ceux-ci ne demandaient qu'à saisir l'occasion de faire passer le relais. Ainsi, des brigades de magiciens amateurs ont été formées pendant 3 ans. Ils sont environ 40, âgés de 7 à 77 ans. Certains étaient déjà formés, d'autres de vrais débutants. Ils se sont déployés dans la ville, ont remonté la Canebière, surgissant dans les commerces pour réaliser leurs tours de prestidigitateurs ! Nul doute que le spectacle a dû être remarqué et apprécié.

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Jean-Marc Diebold était venu avec deux représentants de ces brigades : Guillaume et Valentine qui se sont déplacés dans la salle du Parvis du Protestantisme pour proposer aux commensaux leurs tours de magie. Un moment joyeux et festif, pour clore cette année 2012-2013 au Parvis en beauté !

Fabienne Chabrolin

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24 juin 2013

Marseille, port(e) des musiques du monde

Avec Armando Coxe : embarquement pour revivre un « autre » Marseille

 

Ce mardi 18 juin 2013 de 12h20 à 13h40 en écho à la Fête de la Musique du traditionnel 21 juin, Armando COXE, Journaliste, Musicien, Producteur d'émissions musicales, est venu nous parler de "Marseille, port(e)des musiques du monde". Le débat était animé par Thierry Scholler, Responsable du Parvis du Protestantisme.

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Compte tenu du sujet et de la proximité du rendez-vous musical, le Parvis du Protestantisme aurait dû afficher complet. Ce ne fut pas le cas et c’est bien dommage pour le conférencier et les amateurs de musique qui auraient pu réviser leurs connaissances musicales… ou en acquérir. Mais soyons réalistes, en ce moment, grâce à MARSEILLE 2013, les événements se succèdent les uns aux autres, au même titre que les conférences, les animations, les sorties et la plage enfin disponible pour qui attendait les premières chaleurs. Et il n’est pas possible de se cloner !

Armando Coxe, cet homme aux plusieurs casquettes, d’origine africaine, marseillais d’adoption, a eu la chance d’être fils de pasteur, ce qui lui a donné une culture musicale inestimable et cet amour de la vie qui commence en louant Dieu chaque jour, sans même savoir qu’il s’agit parfois d’une musique de Bach. Mais il ne se sentait pas assez prédicateur pour devenir lui-même pasteur, après des études de théologie, trop sensibilisé par les rythmes de la musique, celle qui donne à la vie des accents de fête, même – et surtout - si le parcours terrestre est plus que semé d’embûches. Rien de tel que la musique africaine et américaine pour remettre les pendules à l’heure. Armando Coxe aime toutes les musiques qui viennent du sud, celles qui transcendent le corps et l’esprit et durant le temps imparti, il nous a fait partager sa passion.

Ce musicien est considéré comme un opérateur culturel respecté dans la Cité Phocéenne où il s’est forgé la réputation de découvreur de talents artistiques et spécialiste des Musiques du monde. Personnage éclectique, il fut le premier à avoir lancé une émission radiophonique sur la « Word Music » en région PACA, sur les ondes de Radio Grenouille avec sa célèbre émission Cocotte Musique. Durant près de 20 ans, il a donné aux musiciens toutes les chances d’exister, de se faire un nom pour envisager une carrière, ou tout au moins y croire. La musique noire américaine, le jazz, le blues, le rai, le banjo étaient au programme de cette rencontre.

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Ce journaliste, producteur, musicien et Dj, consultant culturel, passionné de la littérature et des vibrations sonores du monde ainsi que de ses « arrivages » depuis un siècle à Marseille a rappelé le passage de plusieurs artistes locaux et internationaux - célèbres et anonymes - tels que Miriam Makeba, Lili Boniche, Manu Dibango, Milton Nascimento, Cesaria Evora, Abed Azrié, Papa Wemba, Seu Jorge, Juan Carmona, Omar Sosa, Kassav, Emmanuel Djob et tant d’autres… Autant dire, un œcuménisme musical qui, à l’occasion de la fête de la musique, fait trait d’union entre Marseille, port de toutes les musiques, avec le reste du monde. Marseille, porte de l’orient, Marseille, son exposition coloniale et toutes ses richesses, Marseille d’une autre époque, Marseille qui donnait envie de rêver et de réussir par le travail, le talent, le courage...

Il ne faudra jamais oublier le fait qu’avant les célèbres années 20, Marseille recevait – en tant que port – tous les marins du monde et tous les musiciens qui rêvaient de transporter leur musique, leur culture en passant par Marseille, pour y rester ou pour monter vers la capitale ou encore aller à New York, Los Angeles. Marseille "la plus ancienne et la plus atypique des villes françaises aura toujours bénéficié de l'étonnante vitalité de ses créateurs, de ceux qui y ont puisé l'essentiel de leur inspiration, de ceux oui ont porté au loin sa renommée, ou encore de ceux venus d'ailleurs poser sur elle un regard fraternel ou critique, sachant que jamais, elle n'aura laissé quiconque indifférent" peut-on lire dans le très bel ouvrage consacré à Marseille par Jean Contrucci et Gilles Rof, dans lequel figure notre Armando Coxe. Ceux-ci proposent un état des lieux de ce qu'est la culture à Marseille, aujourd'hui et depuis 2600 ans sur 400 pages inspirées et inspirantes d'une culture marseillaise mouvante, plurielle et populaire, vivante et foisonnante...

coxe___portraitLe jazz, première musique mondialisée, présent à Marseille dès les années 1920, popularisé par les orchestres de soldats noirs américains qui s’imposent à la fin de la Première Guerre Mondiale, conquiert le music hall. Le roman Banjo, de Claude McKay, fondateur du mouvement littéraire apparaît. C’est dans les années 1930-1940 que se constitue un milieu du jazz local, avec ses musiciens, ses amateurs et ses propagandistes. Marseille accueille à la Libération des centaines de soldats américains et devient, grâce à eux, la capitale française du jazz. À dater de ce moment, le jazz s'installe définitivement dans la ville.

Armando Coxe devait s’attarder sur ce qui permit à Marseille de se distinguer des autres villes avec le célèbre Alcazar, un passage obligé pour conquérir le pays. Paulus et Mayol y font des débuts agités, tout comme Thérésa en 1867. En 1908, la revue « Li Sian Touti » voit les débuts du jeune Maurice Chevalier ainsi que ceux de sa compagne du moment Nine Pervenche alias Fréhel. les vedettes nationales passent à l'Alcazar de Marseille, ce qui n’empêche par le public de porter en triomphe jusqu’aux années 1920 les gloires locales : Alida Rouffe (la fille de Louis Rouffe), Fortuné Aîné et son frère Fortuné Cadet, Andrée Turcy, Suzanne Chevalier, Marguerite Chabert, Berval, Cloé Vidiane ou encore Mercadier. Le public de l’Alcazar apprécie, souvent en raison de leur origine, des artistes tels que Georgel, Louis Boucot, Andrex, Darcelys, Alibert ou Réda Caire. Tino Rossi (mars 1933) ou Yves Montand (juin 1939). les vedettes de l’époque y passent, notamment Fréhel, Berthe Sylva, Mistinguett, Mayol, Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Charles Trenet, Rina Ketty… Joséphine Baker, qui a dansé avec des bananes autour de la taille, et dont on a vu un remarquable document à la télévision récemment.

L’alcazar, fermé pendant la Seconde Guerre mondiale, accueillera quand même quelques artistes comme Darcelys, Fernand Sardou, Jean Leroy, Viviane Colin... A sa réouverture en 1946, l’Alcazar est un cinéma. Il faut attendre décembre 1949 et l’arrivée de Robert Trébor à la direction pour que la salle redevienne un music-hall à part entière, avec programmation de revues ou d'opérettes marseillaises. On y entend les anciens, des chansonniers et humoristes (Pierre Dac, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Pierre-Jean Vaillard, Fernand Raynaud…), des musiciens de jazz (Sidney Bechet, Lionel Hampton, Thelonious Monk...) ainsi que des matchs de catch, des concours de chant...

Beaucoup de noms connus, méconnus ou oubliés, et une belle rencontre avec cet Armando Coxe, qui pourrait faire croire encore qu’à Marseille, s’il y a eu des miracles, il peut peut-être encore en avoir d’autres par la musique, le chant, l’art…

Solange Strimon

9 juin 2013

Tous migrants, tous Marseillais, les défis de la mémoire

Tous migrants, tous Marseillais, les défis de la mémoire - déjeuner débat du 4 juin 2013 - L'invité du jour est Ramzi TADROS, Historien et chargé de mission d'Approches Cultures et Territoires, animateur du Réseau pour l'Histoire et la Mémoire des Immigrations et des Territoires.

 

Tous migrants, tous Marseillais, les défis de la mémoire

 

P1180153Ramzi Tadros est né en Egypte de parents palestiniens : enfant, il a suivi ses parents en Algérie où leur profession les appelait, pays dans lequel ils ont passé 5 ans. Si l'on ajoute que la famille de Ramzi Tadros appartenait à la minorité chrétienne en Egypte, qu'elle avait des origines grecques orthodoxes, on comprendra que cet historien habitant à Marseille depuis plus de 35 ans, et qui a obtenu la nationalité française, s'y entend pour nous promener dans des territoires dont les frontières sont brouillées par les destinées particulières.

C'est donc tout naturellement que Ramzi Tadros s'est tourné vers l'histoire, celle qui s'applique à comprendre, au-delà des statistiques et des grandes tendances, les motivations profondes des individus. D'abord intéressé par la Méditerranée, le hasard de la vie lui permet d'aborder l'histoire de l'immigration. C'est finalement en qualité de bibliothécaire qu'il peut assouvir sa passion de la transmission et orienter ses recherches vers l'histoire des immigrations. 

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L'histoire humaine est indissociable de l'histoire des immigrations. La mobilité des hommes est une constante. Aussi est-il curieux de voir que les mythes sur lesquels les nations ont construit leur identité ont presque toujours lissé les aspérités formées par les mouvements de population. Or, l'histoire de nos pays s'est construite par et avec l'apport de ces hommes et ces femmes, venus d'ailleurs broder de nouveaux motifs sur la trame locale. Leur histoire est souvent singulière et mérite qu'on s'y arrête. Quitte à aller à contre courant d'une tendance autrefois exclusive qui laissait peu de place aux particularismes.

A trop vouloir s'éloigner du terrain, à trop prendre de la distance, on risque de ne pas saisir l'épaisseur de l'humain. "Dézoomer" de manière excessive produit aussi cet éloignement de la vie des gens qui les conduit parfois à ne jamais se reconnaître dans ce que l'histoire raconte de leur propre destin.

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L'immigration a ainsi d'abord été appréhendée en termes quantitatifs : "combien sont-ils ?" Puis vient la question de leur force de travail : "où se sont-ils installés, dans quelles activités se sont-ils investis ?" Mais c'est oublier qu'ils apportaient dans leurs valises leur histoire, leur culture, leurs croyances.

Trois histoires permettent d'illustrer ce que Ramzi Tadros veut nous faire comprendre.

La première concerne l'enquête réalisée par le correspond du journal "Libération" à Montpellier, Pierre Daum : en 2005, il se rend à Arles pour écrire un papier sur la grève de Lustucru. Pour les besoins de son enquête, il visite le musée du riz en Camargue dans lequel il remarque des photos d'indochinois travaillant le riz. Intrigué par la présence de ces asiatiques si loin de leurs terres natales, il découvre leur histoire : ramenés de force en 1939 par l'Etat français pour compenser le manque de main d'oeuvre provoqué par la mobilisation, ces hommes ont été enrolés dans les poudreries françaises. La capitulation provoque la fermeture, à la demande des Nazis, de ces poudreries : ces travailleurs indochinois sont alors "loués" à des entreprises. Sans autre compensation que le gîte et le couvert sommaires ! Du travail forcé, en somme. C'est ainsi que les ouvriers des poudreries de Camargue ont été contraints d'implanter des rizières dans les marécages camargais. Certains d'entre eux ont été rapatriés après la guerre, d'autres sont restés en France.

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Le deuxième exemple choisi par Ramzi Tadros concerne la "Marche pour l'Egalité et contre le Racisme" en 1983, appelée ensuite par les médias "Marche des Beurs". Cette marche qui s'inspirait des initiatives de Martin Luther King et Gandhi avait été initiée par des militants lyonnais issus de l'immigration sur fond de percée du Front National lors d'élections locales et de brimades policières vis à vis d'immigrés. Cette marche a débuté à Marseille - lieu de débarquement des immigrés venant du Maghreb - et s'est poursuivie jusqu'à Paris. Les recherches menées par les historiens évoqués par Ramzi Tadros concernent le rôle et l'importance de Marseille dans cette Marche.

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Enfin, Ramzi Tadros évoque l'histoire singulière des Harkis accueillis à Ongles, près de Forcalquier (Alpes de Haute Provence) qui ont pu quitter l'Algérie et échapper à une mort probable grâce à la vigilance et à l'efficacité d'un officier français indigné par les consignes ordonnant l'abandon des Harkis en Algérie.

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Trois exemples qui montrent que les raisons de la présence d'immigrés en France peuvent être très diverses, singulières, et ne sauraient être résumées dans une approche purement statistique.

Le débat qui a suivi l'exposé de Ramzi Tadros était très animé. De nombreux auditeurs avaient une anecdote à partager : les récits d'immigration ne laissent pas indifférent, car chacun d'entre nous a un rapport plus ou moins proche avec l'immigration. Deux questions principales ont été traitées : "pourquoi est-on conduit à émigrer ?" et "qu'en est-il du retour ?"

Les raison d'émigrer, on l'a vu, ne relèvent pas toutes des mêmes causes : si la misère et la guerre expliquent certains départ, Ramzi Tadros rappellent qu'il faut une belle dose d'amour de la vie et de courage pour s'arracher à un monde familier et se jeter dans l'inconnu ! Quant au "retour", il tente parfois les générations suivantes. Mais il reste difficile, et n'est pas toujours possible. A cet égard, je citerai une anecdote raconté par un enfant d'immigré marocain il y a quelques années, sur l'antenne de France Culture : les Français d'origine marocaine seraient appelés les "Chez moi là-bas" par les Marocains, moquant ainsi leur propension à évoquer sans cesse la France lorsqu'ils sont en vacances au Maroc !

Je ne résiste pas au plaisir d'évoquer une anecdote amusante racontée par une auditrice enseignante. Elle a rapporté la réflexion d'une élève en visite à Versailles : "en fait, toutes les reines de France, c'était des immigrées comme moi !" Joli, n'est-ce pas ?

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Enfin, Ramzi Tadros a rappelé que le vivre-ensemble demandait un effort permanent : pour accueillir, pour être accueilli, pour se comprendre et s'entraider... Un combat pacifique qui doit être mené génération après génération, au gré des flux de populations, sans relâche, avec vigilance et bienveillance.

Un message d'optimisme et d'espoir, en somme !

Fabienne Chabrolin

1 juin 2013

Les otages au NIGER : Marseille se bouge !

Les otages au NIGER : Marseille se bouge ! - déjeuner débat du 28 mai 2013, animé par Frédéric Keller. L'invité du jour est Yves Gizard, le coordonateur du comité marseillais de soutien aux Otages d'Arlit.

 

Les otages au NIGER : Marseille se bouge !

 

1000 jours, c'est long, très long pour qui est détenu injustement, loin des siens, de son pays... C'est ce triste record qui pourrait être atteint le 12 juin par 4 des 7 otages enlevés au Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010. 

Au cours de cette nuit, un commando de 3 hommes se réclamant de Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) a défoncé la porte du domicile de Daniel et Françoise Larribe, à Arlit (Niger), a chargé Daniel et Françoise dans un Pick-up et a démarré avec 6 autres personnes. 8 otages, dont un ingénieur nigérien qui sera "libéré" (faut-il dire : "abandonné" ?) par ses ravisseurs et qui pourra donner l'alerte ensuite.

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C'est ainsi qu'a commencé le périple qui a conduit les otages et leurs ravisseurs, à vive allure, plein ouest, pendant 2 jours de fuite jusqu'au nord du Mali. Voyage difficile avec ensuite des déplacements tous les 2 ou 3 jours : le confort est sommaire, la nourriture à l'avenant (de l'eau saumâtre, un repas de riz par jour et de la viande une fois par semaine).

Ces détails, c'est Françoise Larribe qui a pu les donner : libérée après 5 mois et demi de captivité, elle a pu témoigner des circonstances de cette fuite à travers le Sahel. Et lorsqu'on lui a demandé si les otages avaient été maltraités, elle a simplement répondu qu'il n'en était rien : otages et ravisseurs ne partageaient-ils pas les mêmes conditions de vie spartiates ?!

Un frère de Françoise Larribe, est venu raconter l'histoire de cet enlèvement mardi 28 mai au Parvis du Protestantisme, accompagné de Yves Gizard, le coordonateur du comité marseillais de soutien aux Otages d'Arlit.

On pourrait poursuivre et donner des détails comme autant d'intrusions dans le quotidien transformé en drame des détenus : à quoi bon ? L'impression que l'on retient du récit, c'est ce qui ressort de nombreux récits de victimes ou de proches d'attentats ou de crimes : l'irruption brutale de la violence dans des vies que rien ne prédestinait à cette douleur. "On n'est jamais préparé à être famille d'otages" disait la mère d'un des otages.

La complexité du contexte politique de la région qui a été le théâtre de ce rapt ne rend pas les choses faciles : l'enlèvement s'est produit sur fond de contestation par AQMI de la loi sur l'interdiction du voile islamique intégral dans les lieux publics en France en 2010. Mesure de rétorsion vis à vis de la France qui a transformé chaque employé français de multinationale puissante et financièrement solvable en otage potentiel. Mais le conflit qui oppose depuis plus d'un an l'armée régulière malienne et les rebelles Touaregs du MNLA (Mouvement National pour la Libération de l'Azawad) a brouillé le message initial. En effet, le mouvement salafiste Ansar Dine, proche d'autres mouvements islamistes, opposé lui aussi à l'armée régulière malienne et un temps allié objectif des rebelles Touaregs, a durci ses positions vis de la France depuis l'intervention de celle-ci aux côtés des forces du gouvernement du Mali.

Dans ce contexte, on peut comprendre l'angoisse des familles des 6 détenus au Mali : après deux années et demi de silence, 4 des 6 familles d'otages ont décidé de médiatiser la situation de leur proches détenus. Avec la conscience aigüe qu'il est plus difficile d'attenter à la vie d'un otage lorsque les médias du monde sont tournés vers lui. Avec le sentiment, sans doute aussi, que le groupe de pression de l'opinion publique peut hâter la détermination du gouvernement à trouver une issue. Enfin, et c'est certainement l'élément déterminant dans le choix de rendre publique et visible la situation des otages : avec l'espoir de susciter le soutien public aux familles et proches qui, depuis plus de deux ans et demi, attendent la libération des leurs.

Des comités de soutien ont donc été constitués pour organiser cette médiatisation ; un site a été créé, otagesniger.fr, ainsi qu'une page facebook. C'est un des paradoxes de notre époque : les réseaux sociaux raccourcissent les courroies de transmission entre les ravisseurs et les familles.

Vous pouvez signer le manifeste des familles des otages en vous rendant sur le site otagesniger.fr.

1000 jours, c'est long, très long pour qui est détenu injustement, loin des siens, de son pays... Notre espoir, notre désir, notre prière, c'est que Pierre Legrand, Marc Ferret, Thierry Dol, Daniel Larribe, ainsi que les autres otages du Mali, recouvrent enfin la liberté.

Fabienne Chabrolin

 

24 mai 2013

Mariage pour tous : le débat sur le blog du Parvis du Protestantisme

Le débat sur le "mariage pour tous" entre partisans et adversaire de la loi Taubira s'est progressivement durci, rendant l'expression des points de vue dépassionnés bien difficile.

C'est néanmoins à cet exercice que nous avons décidé de vous convier : Solange Strimon et Fabienne Chabrolin, l'une contre, l'autre pour le « mariage pour tous » proposent leur analyse.

Vous pouvez bien évidemment réagir en postant un commentaire qui sera mis en ligne par la modératrice du blog.

 

POURQUOI JE SUIS CONTRE LE MARIAGE POUR TOUS

Solange STRIMON

 

Une première réaction par rapport à la religion : depuis la Réformation qui date de près de 500 ans, les pasteurs ne marient pas, ils bénissent, ce qui ne donne pas du tout à cette bénédiction le caractère sacré du mariage. Pas de pape, chaque église indépendante. Pour l'Eglise catholique, le mariage c’est un homme et une femme selon des textes théologiques. En Allemagne et dans dautres États, il a été établi légalement la différence entre le mariage, institution consacrée par le code civil depuis deux siècles, et lunion civile, réservée aux couples homosexuels.

Le mariage : le signe visible de l’union du Christ et de l’Église

St Paul présente le mariage des chrétiens comme le signe visible de l’union du Christ et de l’Église. "L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair. Ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église (Eph 5/31). Le mariage est un grand mystère par rapport au Christ et à l’Église. C’est le signe visible d’une réalité spirituelle. Si l’Eglise a quelque chose à dire sur lhomme, l’explication en est simple : lhomme a été créé à limage de Dieu, fondement ultime de sa dignité, et parce que « le mystère de lhomme ne séclaire vraiment que dans le Mystère du verbe incarné » (Vatican II).

Le mariage  a une valeur constitutionnelle

La Convention européenne des droits de lhomme, la Déclaration universelle des droits de lhomme, la Convention internationale sur les droits de l’enfant de 1989 et les pactes de héran affirment tous que le mariage est lunion dun homme et dune femme. Fidèle dailleurs à cette tradition humaniste, la République a ratifié les grands textes internationaux relatifs aux droits de lhomme qui corroborent le consensus universel sur l’existence dun droit naturel humain simposant à tout législateur. Cette acceptation nationale et internationale est d’ailleurs partagée par l’ensemble des communautés religieuses repsentée sur notre territoire. Quinze pays ont reconnu le « mariage pour tous » : les cinq États scandinaves, le Portugal, lEspagne, le Royaume-Uni, mais avec des conditions difrentes des nôtres, le Canada, quelques États aux États-Unis et au Brésil, l’Argentine, lUruguay depuis hier, et lAfrique du Sud. Mais en réalité le mariage na pas, dans ces pays, la même signification qu’en France. Ils ne transposent pas le mariage, à lorigine institution religieuse catholique, inscrit dans notre droit depuis 1804.

Le droit français a en effet voulu faire du mariage une institution et un contrat solennels. Or, dans les pays précités, le mariage na pas ce caractère. Par exemple, dans les États protestants, le mariage na pas du tout la même signification : il peut être dissout dans des conditions difrentes des nôtres, et les gles applicables à ladoption ne sont pas les mêmes. Au Portugal, on ne peut pas adopter. Aux Pays-Bas on ne peut adopter un enfant que si celui-ci a la nationalité de ce pays.

Le mariage est un principe fondamental reconnu par les lois de la publique, inscrit dans la tradition républicaine et inhérent à lidentité constitutionnelle de la France, dans sa définition acceptée depuis 1804, comme le mariage est lunion dun homme et dune femme en vue de constituer une famille. Par conséquent, il a valeur constitutionnelle. Le mariage reste lunion dun homme et dune femme, ce qui relève de lordre physique de la nature, commun à tous les êtres animés. Il s’agit de la conception du droit romain, par extension celle du code civil.

Cette institution multiséculaire trouve entre autres ses fondements dans la Déclaration des droits de lhomme et du citoyen, qui est le fondement de létat de droit dans notre pays. Elle proclame que les hommes naissent libres et égaux en droits. De cette affirmation découlent plusieurs conséquences. La première est que les droits de lhomme s’enracinent dans le droit naturel et qu’ainsi le droit ne peut être bâti sur des constructions virtuelles : le droit civil en particulier, celui de la famille avec ses éléments constitutifs (le mariage et la filiation) ne peut prendre en considération une entité artificielle l’enfant ne connaîtrait pas ses parents réels, père et mère, et la naissance, la filiation, la structure familiale deviendraient des fictions. Cet enracinement naturel du droit civil nest nullement contradictoire avec le fait que tous les êtres humains soient égaux, quils aient des droits identiques.

Mais cette égalité ne peut nier les différences, notamment sexuelles, qui font la richesse de lhumanité. La difrence naturelle entre les êtres humains explique que des constructions sociales et juridiques difrentes (le mariage, le PACS, lunion civile) doivent permettre d’arriver au même but : légalité de droits. La différence entre les sexes est fondatrice de la société et cette réalité naturelle ne peut être niée au profit daberrations qui lui substitueraient une orientation sexuelle particulière, fruit du ressenti des individus. Laltérité sexuelle est bien le fondement du mariage tel que le contrat social de notre République le définit.

Il ne fait donc absolument aucun doute que le principe selon lequel le mariage désigne lunion dun homme et dune femme est un principe de droit constamment « reconnu », depuis 1792, par les lois de la République et donc intégré à notre « tradition publicaine ». Ce méta-principe au cœur de la « constitution civile de la France » est donc inhérent à notre « identité constitutionnelle ». Seule une révision constitutionnelle expresse, voulue par le peuple souverain, pourrait abattre une base fondamentale du contrat social des Français. Admettre l’établissement dun lien de filiation, simplement en raison du mariage contracentre personnes de même sexe, permettrait de donner effet à la conception denfants à l’étranger, au moyen de techniques prouvées par le droit français et son ordre public international, tel que le recours à la procréation médicalement assistée ou à la maternité pour autrui.

En conclusion :

Le sens de la « réforme de civilisation » prônée par Mme Taubira, au nom de laquelle le gouvernement entend « arracher les enfants au déterminisme de la religion » (Christine Taubira à lAssemblée nationale) et faire de l’Education nationale un instrument susceptible de promouvoir une « morale laïque » pour « arracher lélève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » (Vincent Peillon) n’a d’autre objectif que dimposer à lensemble de la société une politique hélas synonyme de « culture de mort » dont la promotion de lidéologie du genre.

La Loi Taubira ouvre la porte à toutes les dérives sociétales concernant l’homme, en tant qu’individu et si cette loi passe, elle sera combattue jusqu’à ce que l’on parvienne à un référendum et à une ALLIANCE CIVILE pour les homosexuels. Pour mémoire : le combat des homosexuels avait été placé hier sous le signe du « droit à la différence », droit qui avait été reconnu par l’ensemble de la communauté nationale avec la création du PACS, qui devait être aménagé. Pourquoi alors ce changement, s’il n’est le fait de l’influence de puissants lobbyistes gays et l’assurance d’un marché florissant. Qu’on me permette toutefois de m’étonner que nombre d’élus (à commencer par le Président de la République) se prononcent contre le mariage et vivent librement, sans alliance, sans « corde au cou ». La loi Taubira : un cheval de Troie ou l’annonce d’une société style « Orange mécanique »…

Solange Strimon - 2 mai 2013

 

 

POURQUOI JE SUIS POUR LE MARIAGE POUR TOUS

Fabienne CHABROLIN

 

 

Le débat sur le « mariage pour tous » est né d'un malentendu, et s'est complexifié en raison de la question connexe de la filiation.

Le malentendu, c'est la polysémie du mot « mariage ». En effet, lorsqu'on utilise le mot mariage, parle-t-on du contrat civil qui lie deux personnes – jusqu'à aujourd'hui un homme et une femme dans notre pays – et qui est institué et encadré par le code civil ou parle-t-on du mariage hérité de la tradition religieuse – essentiellement catholique –, sacrement solennel qui unit un homme et une femme jusqu'à la mort de l'un des d'eux ?

Il est manifeste que les nombreuses références des adversaires du « mariage pour tous » au caractère sacré du mariage, à son ancrage dans une histoire millénaire font table rase d'une évidence : la manière dont les hommes et les femmes ont eu coutume de s'unir, de fonder des familles, d'élever des enfants au cours des siècles et suivant les territoires est d'une infinie variété. Les systèmes anthropologiques ne se résument pas à la famille nucléaire qui n'a pas toujours été la règle, y compris en France, comme le rappelle l'historien Emmanuel Todd.

Le législateur révolutionnaire qui a institué le mariage civil en France a, évidemment, gardé une partie de l'héritage du mariage religieux, comme par exemple la monogamie : cela ne permet néanmoins pas de considérer que le mariage civil doit se conformer à une tradition religieuse que l'on a su et dû remettre en cause et qui a été un facteur de progrès pour les non catholiques et les femmes. Car la séparation du religieux et du civil a été consommée dans le mariage non seulement par la distinction entre mariage civil et mariage religieux, mais surtout par l'assujettissement du second au premier ! Quel prêtre accepterait de bénir l'union d'un couple qui n'aurait pas été au préalable marié civilement ?

C'est pourquoi je pense que la virulence des attaques contre le mariage pour tous, lorsqu'elles viennent de croyants – Juifs, Chrétiens ou Musulmans – cache une crainte : celle de devoir assumer une position de refus une fois la loi passée. Quelle sera en effet la décision des institutions religieuses lorsqu'elles seront confrontées aux premières demandes de célébration de mariage de deux homosexuel(le)s ? Cette question ne peut se poser que si le mariage civil de deux personnes du même sexe est entériné. Se posera alors le même dilemme que pour l'accueil des divorcés à l'eucharistie dans l'Eglise Catholique.

En somme, les institutions religieuses qui n'ont pas anticipé ce tournant sociétal courent un risque énorme.

Soit elles accueillent les couples mariés civilement, mais il s'agira alors d'une remise en cause qui peut en appeler d'autres et suppose de réformer la lecture traditionnelle de certains des textes fondateurs de ces religions qui ont été interprétés comme hostiles à l'homosexualité.

Soit elles ferment la porte aux couples homosexuels mariés civilement : il leur sera alors difficile d'expliquer que leur décision d'exclusion est motivée par l'amour du prochain et elles se couperont d'une partie de l'opinion favorable au « mariage pour tous », creusant encore le fossé qui les sépare de la société.

La question de la filiation, quant à elle, paraît au premier abord traitée de façon plus rationnelle dans le débat public, et l'on peut convenir qu'il est pertinent de se demander s'il est souhaitable que des enfants soient élevés par des personnes de même sexe. Soit !

Si je peux donc comprendre cette inquiétude, je m'étonne néanmoins qu'on n'ait pas produit les études démontrant les ravages de l'éducation homoparentale. Les situations d'homoparentalité existent depuis longtemps, soit de fait dans notre pays, soit de droit dans les pays qui ont légalisé la procréation médicalement assistée ou l'adoption par les couples homosexuels. Sans parler des enfants élevés par des femmes seules – ou, moins souvent, par des hommes seuls – lorsque des parents se séparent. Et que dire des enfants élevés par une mère et une tante ou une grand-mère lorsque le père est décédé ?...

On le voit bien, les situations où l'éducation n'est pas assumée par deux personnes de sexes différents ne manquent pas. Il me semble donc excessif de prétendre que nous n'avons pas encore de recul suffisant : les dangers supposés de l'homoparentalité auraient été démontré depuis longtemps si ce risque était réel.

On rétorquera peut-être que le danger vient du mensonge proféré en laissant croire à l'enfant qu'il est né de deux personnes du même sexe ! Mais qui peut imaginer qu'une telle fable sera servie aux enfants qui seraient accueillis dans ces familles ? Il n'a jamais été question de tromper les enfants sur leur origine biologique.

La vérité est que l'on doit être clair sur la filiation en cas d'adoption comme de procréation médicalement assistée, quel que soit le sexe des deux parents. L'adoption montre bien que la parentalité peut se construire en dehors de tout repère biologique. Qu'on soit ou non le géniteur de son enfant, il importe d'en devenir le parent lorsqu'on a la charge de son éducation. Cessons de croire que ce transfert de l'engendrement vers la parentalité est naturel et automatique et relève d'un hypothétique « instinct parental » ! Si tel était la cas, il y aurait moins d'enfants maltraités par leurs parents !

Enfin, la question de la filiation montre aussi que nous n'en avons pas encore tout-à-fait fini avec le lien entre sexualité et procréation : après près de 50 ans de légalisation de la contraception, le débat sur le « mariage pour tous » apporte un éclairage sur la persistance des résistances à l'idée que l'on puisse vivre sa sexualité sans la finalité de la procréation.

En somme, ce débat aura aussi permis de rappeler que le mariage comme la filiation relèvent davantage de la relation que du renouvellement de l'espèce humaine. N'est-ce finalement pas une idée assez raisonnable et optimiste ?

Fabienne Chabrolin

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17 mai 2013

Les 12-25 ans à Marseille - Accueil - Ecoute - Santé

Les 12-25 ans à Marseille - Accueil - Ecoute - Santé - Déjeuner-débat du mardi 14 mai 2013, animé par Thierry SCHOLLER, responsable du Parvis du Protestantisme. L'invité du jour est Hélène PICON, médecin, présidente de l'association "Information Marseille Accueil Jeunes Ecoute Santé" (IMAJESanté).

 

Vocation

 

P1180091A 6 ans, Hélène Picon souhaitait devenir pédiâtre : cela en dit long sur l'engagement de cette femme aux côtés des enfants, comme médecin pédiâtre d'abord, mais aussi dans l'association marseillaise qu'elle préside, IMAJESanté. Sans oublier ces enfants soignés par son mari néphrologue, souffrant de pathologie lourde et qu'elle et son époux ont emmenés en vacances pendant 22 ans.

Dénicher les lieux où les petits d'hommes souffrent semble être une seconde nature chez Hélène Picon : en 1990, après la chute du dictateur roumain Ceaucescu, elle accompagne "Médecins du Monde" en Roumanie. Elle fait partie de ces équipes qui ont pu constater les conditions d'accueil et de soin désastreuses des orphelins roumains. Sans identité, sans avenir, ces enfants se voyaient refuser la condition d'humain. Faire d'eux des hommes et des femmes, ouvrir une perspective dans la nuit de leur enfance pour leur permettre de grandir reste, encore aujourd'hui, un objectif constant : Hélène Picon, toujours en contact avec ces orphelinats roumains, évoque le chemin parcouru, les progrès accomplis.

Mais il n'y a pas qu'en Roumanie que les jeunes ont besoin d'écoute, de soin, d'attention de la part des adultes. Dans les années 90, les pouvoirs publics - en particulier le Conseil Général - étaient sensibilisés aux besoins des femmes enceintes, des nourrissons, mais ne semblaient pas sensibles à ceux des adolescents, en particulier en terme d'accès aux soins - depuis, une première maison des adolescents a vu le jour à Marseille, en 2003. C'est ce qui a poussé Hélène Picon à proposer en 1999 avec des amis la création de l'association qu'elle préside, IMAJESanté : en 2001, l'association voit le jour dans le centre de Marseille.

Structurée autour de trois missions, l'association s'adresse aux jeunes de 12 à 25 ans, aux familles et à l'entourage de ces jeunes et aux professionnels du secteur médico-socio-éducatif - c'est le volet formation professionnelle.

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Les jeunes de 12 à 25 ans y sont accueillis sans condition : il leur suffit de pousser la porte pour trouver une personne à leur écoute - médecin, assistant social, psychologue... Démarche anonyme ou non, elle leur permet de tenter de mettre des mots sur ce qui ne va pas, d'établir un diagnostic complet de leurs difficultés, de leur redonner un avenir, de leur rendre "la santé".

Etre en bonne santé, en effet, ce n'est pas seulement ne pas souffrir d'une pathologie : encore faut-il avoir un logement, être "bien dans ses pompes" ! L'association qui fonctionne en réseau oriente alors le jeune vers "la bonne personne" : elle n'a pas vocation à dispenser des soins de longue durée mais de permettre au jeune de prendre conscience de ses propres besoins, de les formuler de manière claire et de s'inscrire ensuite dans une démarche volontaire de remédiation.

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Le public accueilli est mixte (à peu près autant de filles que de garçons) ; il peut s'agir de jeunes français en rupture scolaire, familiale, qui, parfois, ne savent plus s'ils sont affiliés à la sécurité sociale. Des mineurs non accompagnés - ou de jeunes majeurs -, immigrés sans leur parents trouvent aussi dans l'association le moyen d'établir des ponts culturel entre leur pays d'origine et leur pays d'accueil.

C'est un des identifiants de l'association : la "transculturalité". Il s'agit de ne pas nier les traces que la culture d'origine laisse, parfois sur plusieurs générations, chez les descendants d'immigrés. Les consultations transculturelles, en présence d'un "interprète culturel" permettent souvent de débloquer des situations de souffrance qui auraient pu passer pour des pathologies. C'est un des atouts de l'association, en particulier lors des consultations familiales, le deuxième volet de l'association.

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La spécificité des néo-arrivants a été soulignée par Hélène Picon. Ces jeunes adultes, en particulier lorsqu'ils ont immigré seuls, sont forts et le traumatisme qu'ils ont subi en s'arrachant volontairement à leur pays pour tenter leur chance dans le nôtre ne doit pas le faire oublier !

Hélène Picon a beaucoup insisté sur la notion de réseau : le fonctionnement en réseaux qui travaillent ensemble pour le bien-être des jeunes permet un repérage plus facile de ceux qui sont en difficulté. Seuls 30 % de ceux qui poussent la porte du local de l'association le font de leur propre chef. Le reste est adressé à l'association par des professionnels médico-socio-éducatifs, qu'il s'agisse d'enseignants, de membres d'autres associations, d'assistants sociaux de quartiers, etc. Aussi est-il nécessaire de faire connaître l'association en allant au-devant des jeunes, dans les lieux privilégiés que sont, par exemple, les établissements scolaires.

Collèges, lycées, organismes d'insertion, mais aussi écoles de la deuxième chance... Autant de lieux permettant de travailler avec les jeunes, de les faire parler des relations filles-garçons, d'évoquer la dépression ou tout problème personnel rencontré par ces adolescents ou jeunes adultes. Les établissement ont parfois été signalés par les partenaires de l'association - éducateurs ou enseignants de l'établissement, par exemple. C'est alors l'occasion de construire avec eux une information adaptée aux difficultés diagnostiquées au sein de la structure qui accueille l'association en privilégiant les actions de fond pour permettre l'instauration d'un vrai climat de confiance. Il ne s'agit pas en effet d'une démarche de promotion commerciale de l'association mais bien de se tenir au plus près des besoins constatés et de tenter d'y apporter une réponse adaptée.

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Lors des questions du public, Hélène Picon a évoqué les difficultés de communication filles-garçons. Les cas de violence sont fréquents, les filles se pliant aux exigences des garçons de peur de les voir partir, les garçons paradoxalement prompts à les traiter de "putes" lorsqu'elles se prêtent aux jeux sexuels qu'ils leur imposent. Les conduites à risque sont nombreuses (alcool, cigarette, drogue), mais l'association oriente vers des structures spécialisées les jeunes engagés dans des addictions profondes. Quoiqu'il en soit, les comportements des jeunes vis à vis des substances toxiques ont changé et de trop nombreux jeunes - et pas uniquement issus du public de l'association - ont déjà fumé un joint.

Enfin, 40 % des jeunes accueillis dans l'association sont en habitat précaire - squat, logement chez l'un ou l'autre...

On le voit bien : le tableau dressé par Hélène Picon est alarmant. Son enthousiasme, sa vitalité, son énergie n'en sont apparus que plus encourageants ! Sans jamais se départir de son sourire, elle a appelé chacun à s'engager, à soutenir son association et ce blog relaie son appel sans aucune réserve !

A bon entendeur, salut !

Fabienne Chabrolin

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6 mai 2013

Pour lutter contre le chômage, d'autres solidarités sont possibles

Ce mardi 23 avril 2013 de 12h20 à 13h40 M. Eric UNGER, responsable de l' « Association Solidarités Nouvelles » contre le chômage était l’invité du Parvis du Protestantisme. Thème abordé : "Pour lutter contre le chômage ; d'autres solidarités sont possibles". Christian APOTHELOZ, rédacteur en chef, a donné les points forts du conférencier, très impliqué dans ce domaine sociétal et affectif ô combien douloureux à divers niveaux.

 

ERIC UNGER ET LE TRAITEMENT DU CHOMAGE AVEC LA SNC

 

PARVIS_23_AVRIL_L_HOMMEEric UNGER a présenté l’Association de loi 1901, créée en 1985 par JB de Foucauld, indépendante de tout parti politique et de toute confession religieuse. Ce concept original permet à toute personne d’accompagner un demandeur d’emploi selon des critères bien définis : l'accompagnement en binôme ; le groupe de solidarité, maillon de base de l'association ; les emplois de développement. L'action de SNC se veut complémentaire du service public de l'emploi.

 

Une parenthèse avec Frédéric KELLER qui a rappelé l’apport original du protestantisme en Europe à propos du travail : « cette malédiction est devenue joie ».

Les chiffres du chômage 

En France : fin février, après une série noire de vingt-deux mois, le Pôle emploi recensait 3,187 millions de demandeurs d'emploi n'ayant pas travaillé au cours du mois (catégorie A) en métropole, soit seulement 8 000 de moins que le record absolu. Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, en moyenne, plus de 28 000 nouveaux chômeurs sans activité ont poussé chaque mois la porte du Pôle emploi.

En région PACA : à l’image des statistiques nationales, les chiffres du chômage à fin mars 2013 en Provence Alpes Côte d’Azur sont à la hausse. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégories A (sans emploi), B (exerçant une activité réduite d’au plus 78 heures au cours du mois) et C (exerçant une activité mensuelle réduite de plus de 78 heures) s’établit à 402 196 (dont 289 223 pour la seule catégorie A, en hausse de 9,8 % sur un an). Ce nombre est en hausse de +0,4 % (+ 1 549) par rapport au mois de février et augmente de 8,8 % sur un an. La situation ne cesse de se dégrader pour des raisons que tout le monde connaît.

Quelques chiffres éloquents relevés en 28 ans d’existence

 

- quelque 1 400 bénévoles ont accompagné 2 500 demandeurs d'emploi ;

- 3 000 donateurs ont permis de financer 196 emplois solidaires au sein de 119 associations partenaires ;

- 17 groupes d'accompagnateurs bénévoles ont été présents dans 46 départements (dont 14 groupes en entreprise).

 

Eric UNGER a insisté sur ce que ressent le chômeur placé dans cette situation : il subit une humiliation sociale, il connaît la déstabilisation, l’infériorité sociale, sans oublier qu’il est considéré comme un faible, devenu inutile au monde, à la société dans laquelle il vit et qui le rejette.

 

Pour ne pas sombrer dans la dépression et dans la perte de ses repères sociaux, il est essentiel de ne pas rester isolé. C’est l’un des objectifs que poursuit l’association. SNC propose un accompagnement à tout demandeur d'emploi qui en fait la demande (sans tenir compte de l’âge, des qualifications, du domaine d'activité ou de la durée de chômage) et qui a le droit de travailler. Cet accompagnement gratuit et personnalisé avec deux membres bénévoles de l’association, sans limite de durée, apporte ainsi une écoute et un soutien moral destinés à encourager et à valoriser. L’accompagnant – qui a reçu une formation – ne va pas imposer au chômeur son rythme et sa vision du travail, mais s’adapter à celui-ci.

 

Comment devenir accompagnateur ?

 

Toute personne disposant de l’intelligence du cœur, doublée d’une certaine expérience professionnelle devrait pouvoir accomplir cette mission de remise en selle d’une personne au chômage. Ces conditions n’excluent nullement les étudiants et les retraités, au demeurant plus disponibles. L’important se situe dans la composition du binôme (l’idéal, un homme et une femme) et la complémentarité des deux accompagnateurs encadrant l’accompagné. Un chômeur a souvent perdu l’estime de soi et les sentiments qu’il éprouve à son sujet sont généralement tellement négatifs qu’il faut parvenir à le resituer dans la société avec la volonté de lui donner l’envie et la joie d’en retrouver le chemin. Entre accompagnateurs et accompagnés doit exister un réel échange, et celui-ci se passe un peu partout. « On phosphore ensemble, on se réunit une fois par mois, on a des ateliers de recherche d’emploi, on fait des sorties culturelles, des promenades, on sort de tout ce qui est d’ordre protocolaire, on établit un climat de confiance ».

 

Les financements  pour créer des emplois solidaires :

 

Grâce aux dons, SNC crée et finance des emplois solidaires pour des personnes accompagnées, dans des associations partenaires. Il s'agit d'une part d'offrir un tremplin aux personnes vers l'emploi durable, de leur permettre de se repositionner sur le marché du travail, et de retrouver confiance en leurs compétences et d’autre part de soutenir le développement du secteur associatif et de l'économie solidaire. Ces emplois sont créés dans des associations ou organismes d'intérêt général dont les moyens financiers insuffisants justifient une subvention de la part de SNC. D'une durée moyenne d'un an, les emplois solidaires sont pris en charge dans la limite maximale du SMIC.

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Résultats en 2012 : 196 emplois ont été financés dans 119 associations pour des personnes accompagnées. 66% des personnes ont trouvé une issue positive (emploi ou formation) à la fin de leur emploi solidaire.

 

La SNC ne manque pas de partenaires pour continuer à progresser, notamment le CREDIT COOPERATIF, le CREPI, les fondations, et tous les réseaux locaux (services publics de l’emploi, centres sociaux, clubs d’entreprise et institutions traditionnelles).

 

EN CONCLUSION :

 

Notre dispositif français à propos de l’emploi reste tellement contre productif qu’il entretient le chômage. Quelles orientations nouvelles par rapport à la formation ? On ne va pas toujours citer l’Allemagne en exemple. Mais chez notre voisin, la formation étant prioritaire, l’entrée dans le marché du travail s’en trouve fortement simplifiée. S’il a été question – entre autres - au cours du débat qui a suivi du partage du temps du travail et du bénévolat, cette question a soulevé plus de polémiques que qu’adhésions. Un gâteau que l’on coupe en deux, puis en quatre, puis en huit ne donne pas de travail et il ne reste même plus de miettes à manger. Créer du travail, oui, partager en se dépouillant, non.

 

Solange Strimon

19 avril 2013

Entre profane et sacré ; une approche de la peinture de la Renaissance

Ce mardi 16 avril, nous avons écouté le dernier volet du cycle "le religieux dans la peinture" avec Jean-Louis VIDALENC, Professeur des Universités, Membre de l'équipe de recherche "Arts et création esthétique" de l'Université de Bordeaux sur le thème : "Entre profane et sacré ; une approche de la peinture de la Renaissance". Le débat était animé par Thierry SCHOLLER, Responsable du Parvis du Protestantisme.

 

Jean-Louis VIDALENC ouvre la fenêtre

sur six peintres du 16ème siècle


16AVRIL_BPARVIS_PORTRAITCe mardi 16 avril, nous avons écouté le dernier volet du cycle "le religieux dans la peinture" avec Jean-Louis VIDALENC, Professeur des Universités, Membre de l'équipe de recherche "Arts et création esthétique" de l'Université de Bordeaux sur le thème : "Entre profane et sacré ; une approche de la peinture de la Renaissance". Le débat était animé par Thierry SCHOLLER, Responsable du Parvis du Protestantisme.

Pour qui ne connaît aucun des peintres choisis par le conférencier, l’aventure est exaltante et l’ouverture à la connaissance des six peintres choisis un moment privilégié. Cela se passe au parvis, c’est tout dire. Donnons rapidement les noms des heureux élus : Hans Hollbein, le Jeune, Gerrit – ou Gerard – Hermansz Van Honthorst, le Maitre de St Gilles, Girolamo Mazzola Bedoli, Domenico Beccafumi et enfin Agnolo Bronzino.

De ce déjeuner-débat, il faut retenir que nous sommes dans une période de guerre civile entre catholiques et protestants, dans le Concile de Trente, au moment où le Sacré Collège rédige en 1560 un manuel pour les peintres, date au cours de laquelle Roberto Francesco Romolo Bellarmino, né à Montepulciano en Toscane le 4 octobre 1542 et décédé à Rome le 17 septembre 1621, prêtre jésuite italien, théologien, écrivain et apologiste de renom se distingue.

Les œuvres présentées par Jean-Louis VIDALENC nous permettent de bien nous situer dans le contexte historique et religieux de cette époque. Étant donné la rareté des œuvres présentées, et pour mémoire, nous avons choisi de vous présenter succinctement les peintres :

- Hans Holbein le jeune, né à Augsbourg en 1497 et mort à Londres le 29 novembre 1544 est le fils du peintre Hans Holbein l'Ancien (vers 1460 - 1524), le frère cadet du peintre Ambrosius Holbein (vers 1493/94 - vers 1519), avec lequel il étudie dans l'atelier paternel. L’artiste cherchera tout au long de sa vie à unir aux traditions gothiques les nouvelles tendances humanistes et à rechercher derrière les apparences les expressions signifiantes des visages. En 1515, sa famille se fixe à Bâle, haut lieu de l'humanisme, où le peintre se lie avec Érasme. L’artiste travaille pour la haute bourgeoisie commerçante. Le musée d'art de la ville de Bâle possède ainsi la plus importante collection au monde d'œuvres de la famille Holbein. Durant cette période, il accomplit de nombreux voyages comme à Lucerne en Suisse ou encore en Italie, à Rome et Florence. Il est influencé par Matthias Grünewald mais aussi par Léonard de Vinci, qu'il découvre dans un voyage en France, son style s'ouvre aux nouvelles conceptions de la Renaissance italienne. En 1526, fuyant la Réforme, il part pour Londres, recommandé par Érasme à Thomas More. Cette époque constitue l'apogée de sa carrière. Notre conférencier ne parlera pas des œuvres célèbres, mais de celle qui méritent d’être sorties de l’oubli. En 1536, nommé peintre-valet de chambre d'Henri VIII, il devient en peu de temps le peintre officiel de la cour d'Angleterre. En 1543, il meurt de la peste.

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La_Vierge_et_l_Enfant_avec_la_famille_du_Bourgmestre_Meyer

- Gerrit – ou Gerard – Hermansz. Van Honthorst, surnommé aussi, en italien, Gherardo delle Notti (« Gérard des Nuits ») est né à Utrecht le 4 novembre 1590,et mort le 27 avril 1656) dans une famille catholique d'Utrecht. Il était le fils de Herman Van Honthorst, un peintre de décors qui figure aux côtés d'Abraham Bloemaert parmi les fondateurs de la guilde de Saint-Luc d'Utrecht. En dehors de son père, sa famille comptait plusieurs autres artistes, notamment des peintres et des fabricants de tissus et de tapisseries. Il fait son apprentissage aurpès de son père, avant de devenir l'élève de Bloemaert. Dans les années 1620, il fut, avec Hendrick Ter Brugghen et Dirck Van Baburen, l'un des principaux représentants de l’École caravagesque d'Utrecht. Son style évolua par la suite vers le classicisme. il connaît la célébrité de son vivant, notamment grâce aux commandes de Frédéric V et Élisabeth, roi et reine de Bohême en exil aux Pays-Bas, de Charles Ier d'Angleterre et Christian IV de Danemark. Il deviendra peintre de cour de Guillaume II d'Orange-Nassau. Il est connu aujourd’hui pour les œuvres de la période caravagesque.

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- Le Maître de Saint Gilles est un peintre anonyme, actif à Paris vers 1500. Français ayant été se former en Flandre ou Flamand ayant émigré à Paris, ses origines sont méconnues. Il est le grand artiste parisien de la première partie du règne de François Ier. Son pseudonyme lui est octroyé par l'historien Max Friedländer, d'après deux panneaux sur saint Gilles (son Miracle et sa Messe), à présent dans la National Gallery de Londres, et deux autres panneaux du même autel à présent à la National Gallery of Art de Washington (Baptême de Clovis et Saint Évêque). D'origine inconnue, il s'est sans doute formé en Flandre auprès d'Hugo van der Goes. Il s'est par la suite certainement établi à Paris. En outre, ses compositions, aérées et tranquilles, ses visages, réguliers, sont d'esprit français. L'artiste tire son nom de deux panneaux représentant la Messe de saint Gilles et Saint Gilles et la biche (National Gallery de Londres). Deux autres panneaux, dont les sujets sont controversés, devaient faire partie du même ensemble iconographique, sinon du même retable : Saint Leu guérissant les enfants, et Baptême d'un prince par un évêque, autrefois « Baptême de Clovis par saint Rémi » (Washington, National Gallery).

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- Girolamo Mazzola Bedoli (Parme, 1500-1569), est un architecte et un peintre italien maniériste de l'école de Parme actif au XVIe siècle. Malgré quelques tableaux réalisés à Mantoue, Girolamo Bedoli a surtout été actif à Parme. Lors de son mariage avec la fille de Pier Ilario Mazzola, cousin du Parmigianino (en français « Le Parmesan »), il entra dans la famille des Mazzola, dont il prit le nom en 1542 après la mort prématurée du Parmesan. Il a en outre achevé quelques fresques initialement commandées à ce dernier notamment dans l'abside de Santa Maria della Steccata. []Architecte, il a œuvré aussi comme décorateur du sacré. Dans ses œuvres on remarque l'influence de Corrège et surtout du Parmesan, ce qui a pu faire parfois confondre l'attribution de leurs réalisations. On lui attribue une trentaine de dessins, d'une grande habileté technique, qui rappellent le Parmesan.

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- Domenico Beccafumi, Peintre italien (Valdibiena, près de Sienne, vers 1486 – Sienne 1551). Parallèlement à l'art volontiers étrange, au graphisme aigu de Pontormo et de Rosso, Beccafumi développe à Sienne un style raffiné qui oppose sa fantaisie maniériste à la rigueur savante de Pérugin et de Fra Bartolomeo. Ses débuts sont mal connus. Il est mentionné dès 1502 à Sienne, et on le trouve ensuite à Rome (1510-1512), où il étudie Michel-Ange et Raphaël, notamment les bas-reliefs en grisaille de l'École d'Athènes. Il aurait, en outre, selon Vasari, décoré la façade d'une maison du Borgo. De retour à Sienne, il travaille en 1513 à l'hôpital de la Scala (fresques de la Cappella del Manto), première et impérieuse manifestation d'un style qui n'évoluera guère : transfiguration mystérieuse des formes par la lumière, remplaçant les contours par un jeu subtil de vibrations lumineuses (triptyque de la Trinité pour l'autel de cette même chapelle, 1513, Sienne, P. N.) ; il œuvre aussi aux miniatures d'un antiphonaire (SS. Annun-Ziata, Sacristi). Les mêmes silhouettes fuselées, aux attitudes contournées, se retrouvent dans les œuvres de caractère plus ombrien exécutées avant son second voyage à Rome (v. 1519). Citons en particulier le Retable des stigmates de sainte Catherine (v. 1515, Sienne, P. N.) et les Scènes de la vie de la Vierge, peintes à fresque, de l'oratoire de S. Bernardino. À ses travaux de jeunesse appartiennent également de petites œuvres sur bois

- Angelo di Cosimo ou Agnolo di Cosimo (17 novembre 1503, Florence23 novembre 1572, Florence), dit aussi il Bronzino, est un peintre maniériste italien était le fils adoptif et apprenti de Pontormo, et aussi l'élève de Girolamo Genga. Son disciple et fils adoptif, Alessandro Allori, était également surnommé "il Bronzino".Vers 1518 (probablement dès 1515), il est l'apprenti du Pontormo, qui l'aurait représenté (d'après Giorgio Vasari) dans son tableau Joseph en Égypte (assis sur une marche) ; il le suit ensuite à la chartreuse de Galluzzo où il s'est réfugié pendant la peste. Devenu peintre indépendant, il fait ses premiers portraits à la cour d'Urbino. À Pesaro, il décore la villa impériale puis revient à Florence ou Pontormo le réclame pour des portraits (comme ceux d'Ugolino Martelli, de Bartolomeo Panciatichi et de sa femme). Il entre au service des Médicis en 1539 pour les décorations du mariage de Cosme Ier de Toscane et d'Éléonore de Tolède Il exécutera ensuite de nombreux cartons de tapisseries. Sa dernière œuvre marquante est le portrait de la poétesse Laura Battiferri de 1560.

16_avril_2013___parvis

Le concile de trente

Et puisqu’il a beaucoup été question du Concile de Trente, donnons-en quelques explications. Convoqué par le pape Paul III en 1542 suite aux demandes insistantes de Charles Quint pour répondre au développement de la Réforme protestante, le Concile de Trente s’élève contre les thèses protestantes. Il définit l'autorité de la Bible, le péché originel et confirme les sept sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres. Trente est l'un des conciles les plus importants de l'histoire du catholicisme. Il devait permettre à l'Église d'opérer sa propre réforme et à nouveau les chrétiens. S'il eut effectivement le mérite d'abolir un certain nombre des abus de l'Église catholique et de réviser ses institutions, il aboutit plutôt à la séparation définitive des deux religions. En ce qui concerne ses effets sur l'histoire de l'art, il veut toucher le croyant à travers la peinture devant dès lors représenter les sentiments tels que la passion, l'extase, le martyr…. sentir les volumes de la chair.

En terminant le cycle "le religieux dans la peinture", Jean-Louis VIDALENC a certainement souhaité offrir à son auditoire quelques pièces rares découvertes au hasard de ses recherches. Nous ne pouvons que l’en remercier et étudier nous-mêmes les interprétations religieuses selon notre culture et notre religion. Merci.

Merci à Wikipedia pour les emprunts qui ont permis à Solange Strimon de compléter les informations données par Jean-Louis Vidalenc.

15 avril 2013

5 portraits de Jésus Christ : chapitre 5 - Jésus, le thaumaturge

Dans le cadre du cycle "Itinéraire Spirituel", Elian Cuvillier, professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie protestante de Montpellier propose 5 portraits de Jésus Christ. La cinqième (et dernière) conférence s'est déroulée au Parvis du Protestantisme vendredi 12 avril à 19 h  sur le thème : Jésus, le thaumaturge.

Vous pouvez lire les articles précédents du cycle "Itinéraire spirituel - 5 portraits de Jésus" en cliquant sur les liens :

Jésus, un conteur subversif 

Jésus, un nouveau Socrate ?

Jésus, l'homme seul et abandonné

Jésus, le Ressuscité

 
 

5 portraits de Jésus Christ

5 - Le Thaumaturge*


Qui veut comprendre les textes de l'évangile traitant de la question des miracles doit souvent, au préalable, se défaire de certaines réticences liées aux représentations qui s'imposent à lui dans notre monde rationnel ; accepter un temps de lire ces récits comme autant d'éclairages sur ce que sont les miracles. Et ne pas s'imaginer non plus qu'ils ont été reçus, entendus par des hommes et des femmes plus naïfs que nous ne le sommes. Pour eux aussi, le miracle, qu'il s'agisse d'une guérison ou d'une transgression des lois physiques, soulève étonnement et incrédulité.

P1180014La question n'est donc pas, selon Elian Cuvillier, de croire ou non aux miracles mais de comprendre de quoi il s'agit. En somme : qu'est-ce qu'un miracle ?

Ce préalable étant posé, il convient aussi de garder à l'esprit que les évangiles ne se contentent pas d'énumérer des faits miraculeux : ils les mettent en scène dans des récits dont chaque mot est pesé, lourd de sens.

Aussi faudra-t-il garder à l'esprit que les miracles entrent dans une typologie de récits que l'on retrouve dans le monde antique.

Les premiers sont les textes qui racontent ce qui se passe dans les sanctuaires des dieux guérisseurs. Ces récits sont frappés du sceau de la légitimité : on pourrait presque dire qu'il s'agit de la manière la plus courante d'exercer la médecine, et que le dit sanctuaire, véritable institution sociale, est en quelques sortes l'ancêtre de nos hôpitaux. Sa fonction est de permettre, en échange d'une offrande, la réintégration du malade guéri dans la société.

A cet égard, la piscine de Bethesda, évoquée dans les évangiles, peut assumer cette fonction, comme aussi bien des lieux auxquels on a attribué un pouvoir de guérison : que l'on se réfère, par exemple, aux ex-voto ou à la grotte de Lourdes.

Bethesda_Murillo

La guérison, dans ces cas, est l'effet de la volonté des dieux - ou du Dieu unique : il ne s'agit pas du pouvoir d'un rebouteux agissant pour son compte.

En marge de cette pratique de guérison officielle, on trouve les récits de magie : à la différence des sanctuaires, les "magiciens" n'ont pas de légitimité et sont souvent en butte à l'hostilité des religieux, ce qui les contraint à agir dans le secret. Simon le magicien, évoqué dans le livre des Actes, rentre dans cette catégorie.

A côté de ceux-ci, mais en pleine lumière, se lèvent des hommes, parfois philosophes, souvent charismatiques, qui, dans leurs pérégrinations itinérantes, sont conduits à guérir les personnes qui leur apportent leurs souffrances et leurs maux. Ils s'expriment ouvertement et, parfois, n'hésitent pas à bousculer l'ordre établi, la parole officielle des institutions religieuses et à proclamer une nouvelle forme de vie. Jésus relève sans aucun doute de ce troisième type. Mais il se distingue des autres prédicateurs thaumaturges en ce qu'il veut faire advenir le royaume de Dieu.

On peut aussi classer les différents types de miracles eux-mêmes.

- Les exhorcismes : il s'agit alors de chasser les démons qui "habitent", possèdent des êtres humains.

- Les guérisons : on rend la vue aux aveugles, la marche aux paralytiques, la parole aux muets. On restaure et ramène à la plénitude de la vie.

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- Les résurrections : à l'instar des précédents, il s'agit de remettre debout, de redonner vie.

- Les miracles "de la nature" qui agissent sur les éléments et non sur des personnes. La tempête apaisée, l'eau changée en vin à Cana, la pêche miraculeuse et la malédiction du figuier sont autant de récits de miracles des évangiles qui entrent dans cette catégorie.

On peut faire une lecture symbolique de ce dernier type de miracle, comme nous y a invités Elian Cuvillier, tout en précisant qu'elle n'était pas exclusive d'autres lectures. Mais ces récits spectaculaires ont manifestement une fonction importante dans l'établissement de la nature divine de Jésus. Il n'est pas exclu, à en croire Elian Cuvillier, que cette lecture symbolique ait pu avoir cours à l'époque de Jésus. Tous pouvaient saisir immédiatement la portée de détails dans le récit des noces de Cana : les jarres qui contenaient de l'eau - nécessaire à la purification - au nombre de 6, chiffre symbolisant l'imperfection, l'incomplétude, sont désormais pleines de bon vin. Il est probable que les contemporains de Jésus auront entendu que le récit de la transformation de l'eau en vin était aussi une manière de remettre en cause l'ancienne alliance qui faisait la part belle à la notion de pureté.

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Il est à noter, enfin, que les miracles ne sont pas des "prodiges" sans rationnalité : jamais il n'est question de membres ou de têtes décapitées qui repoussent. On reste dans une certaine vraisemblance.

Le prodige laisse perplexe, il n'apporte pas grand chose. Le miracle, c'est "quand la grâce de Dieu vient s'inscrire dans le destin de quelqu'un", nous dit Elian Cuvillier. Ce qui était inéluctable devient évitable. Dieu ouvre des possibles. On échappe au mur vers lequel on se précipitait.

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"Il y a des miracles qui ne sont pas prodigieux, il y a des prodiges qui ne sont pas miraculeux !"

Le miracle n'est possible que si la parole libératrice de Dieu vient rencontrer celui qui veut être libéré, guéri. Parfois, ce désir peine à trouver la voix de son expression, comme pour cet aveugle que le recouvrement de la vue embarrasse dans un premier temps. Jusqu'à ce qu'il finisse par l'accepter, l'accueillir et témoigner de ce qu'il voit désormais.

En somme, le miracle est un antidéterminisme : il permet à chacun d'envisager un "après" lorsque tout semblait perdu.

Après cette première partie générale sur la notion de miracle, Elian Cuvillier a proposé à l'auditoire des travaux pratiques : il a commenté un premier texte et invité les groupes à méditer le second.

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Evangile de Marc, chapitre 5, versets 1-20

1Et ils vinrent de l’autre côté de la mer dans la région des Géraséniens. 2Et Jésus étant sorti de la barque, aussitôt vint à sa rencontre, hors des tombeaux, un homme possédé d’un esprit impur 3qui avait sa demeure dans les tombeaux. Même avec une chaîne, personne ne pouvait plus l’attacher. 4Parce que souvent il avait été attaché par des entraves et des chaînes et qu’il avait brisé les chaînes et cassé les entraves et personne n’avait la force de le maîtriser. 5Sans cesse, nuit et jour, il était dans les tombeaux et dans les montagnes, criant et se blessant avec des pierres.

6Et ayant vu Jésus de loin, il courut et se prosterna devant lui. 7Ayant crié d’une voix forte il dit : « Qu’y a-t-il entre toi et moi, Jésus, fils du Dieu Très Haut. Je t’en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas ! » 8Car il lui disait : « Sors de cet homme, esprit impur. » 9Et il lui demandait : « Quel est ton nom ? » Et il lui dit : « Mon nom est ‘Légion’ car nous sommes beaucoup. » 10Il le suppliait beaucoup afin qu’il ne les envoie pas en dehors du pays.

11Or, il y avait là, près de la montagne, un grand troupeau de porcs en train de paître. 12Et ils le supplièrent disant : « Envoie-nous dans les porcs afin que nous entrions en eux. » 13Il le leur permit. Et étant sortis, les esprits impurs entrèrent dans les porcs et le troupeau se précipita de la falaise dans la mer, ils étaient environ deux mille, et ils se noyaient dans la mer. 14Ceux qui les gardaient s’enfuirent et l’annoncèrent dans la ville et dans les campagnes et l’on vint voir ce qui était arrivé. 15Ils viennent vers Jésus et ils voient le possédé assis, vêtu et dans son bon sens, celui qui avait eu ‘Légion’, et ils furent saisis de crainte. 16Ceux qui avaient vu leur racontèrent ce qui était arrivé au possédé et au sujet des porcs. 17Et ils se mirent à le supplier de partir loin de leur territoire. 18Comme il montait dans la barque, celui qui avait été possédé le suppliait pour être avec lui. 19Et il ne le lui permit pas, mais il lui dit : « Va dans ta maison, chez les tiens, et annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi et qu’il a eu pitié de toi. » 20Étant parti, il se mit à prêcher dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous étaient étonnés.

Ce récit regorge de détails qui attestent de la souffrance de l'homme possédé : c'est contre lui-même qu'il retourne sa violence. Lorsque Jésus s'approche de lui, il le reconnaît et l'implore de ne pas le tourmenter. "Je m'appelle Légion". Cette manière de se nommer en dit long sur la déshumanisation de cet homme. Mais serait-ce aussi une allusion à la présence des légions romaines en Judée, à cette époque ?  Quoiqu'il en soit, le récit prend une tournure tragicomique lorsque Jésus précipite les esprits impurs qui dominent l'homme dans un troupeaux de 2000 porcs qui se jettent du haut d'une falaise.

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Il s'agissait de porcs domestiques : quelle perte économique pour son propriétaire ! Mais on se doute que ces porcs n'étaient pas destinés à être consommés par les juifs de Judée. Ces animaux frappés d'interdit devaient probablement être consommés par... les Romains ! Bref : la boucle est-elle bouclée ? Est-on face à un récit de dénonciation de la mise à l'écart des malades et des marginaux dans un monde voué aux seules logiques économiques, dominé par la violence politique ? J'avoue ne pas être encline à suivre Elian Cuvillier sur ce terrain.

Lorsque l'homme est enfin libéré de ses chaînes, il exprime le désir de suivre Jésus. Mais celui-ci repousse cette proposition et l'invite à témoigner parmi les siens de "tout ce que le Seigneur a fait pour lui". S'il a été libéré, ce n'est pas pour entrer dans une dépendance vis à vis de quiconque. Pas même de Jésus. Pour "suivre" Jésus, il doit devenir "sujet de sa parole".    

Evangile de Marc, chapitre 9, versets 14-29

14En venant vers les disciples, ils virent autour d'eux une grande foule et des scribes qui discutaient avec eux. 15Dès qu'elle vit Jésus, toute la foule fut remuée et l'on accourait pour le saluer. 16Il leur demanda : « De quoi discutez-vous avec eux ? » 17Quelqu'un dans la foule lui répondit : « Maître, je t'ai amené mon fils : il a un esprit muet. 18L'esprit s'empare de lui n'importe où, il le jette à terre, et l'enfant écume, grince des dents et devient raide. J'ai dit à tes disciples de le chasser, et ils n'en ont pas eu la force. » 19Prenant la parole, Jésus leur dit : « Génération incrédule, jusqu'à quand serai-je auprès de vous ? Jusqu'à quand aurai-je à vous supporter ? Amenez-le-moi. » 20Ils le lui amenèrent. Dès qu'il vit Jésus, l'esprit se mit à agiter l'enfant de convulsions ; celui-ci, tombant par terre, se roulait en écumant. 21Jésus demanda au père : « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? » Il dit : « Depuis son enfance. 22Souvent l'esprit l'a jeté dans le feu ou dans l'eau pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous. » 23Jésus lui dit : « Si tu peux ! ... Tout est possible à celui qui croit. » 24Aussitôt le père de l'enfant s'écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » 25Jésus, voyant la foule s'attrouper, menaça l'esprit impur : « Esprit sourd et muet, je te l'ordonne, sors de cet enfant et n'y rentre plus ! » 26Avec des cris et de violentes convulsions, l'esprit sortit. L'enfant devint comme mort, si bien que tous disaient : « Il est mort. » 27Mais Jésus, en lui prenant la main, le fit lever et il se mit debout. 28Quand Jésus fut rentré à la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : « Et nous, pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit ? » 29Il leur dit : « Ce genre d'esprit, rien ne peut le faire sortir, que la prière. »

 

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L'enfant amené à Jésus par son père a un "esprit muet" : il ne parle pas mais semble souffrir de malaises que l'on qualifierait aujourd'hui de crises d'épilepsie. Le dialogue entre le père de l'enfant et Jésus montre à la fois la souffrance de l'homme et son impuissance. Il se débat avec la "possession" de son fils depuis son enfance.

"...Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous." dit l'homme, montrant ce que toute personne ayant eu un enfant malade sait intimement : la douleur qui s'abat alors indifféremment sur tous les membres de la famille, et plus particulièrement sur les parents. Cet homme n'en peut plus !

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Bien des groupes qui composaient l'auditoire s'en sont avisé : ils ont proposé un titre à ce récit, "la guérison du père" ! Mais cette guérison passe par bien des étapes. Il s'est tourné vers les disciples de Jésus : on peut penser qu'il avait dû user auparavant de tous les recours à sa disposition depuis la naissance de son fils. Las ! Rien n'y a fait, et les disciples eux-mêmes sont restés impuissants.

"Si tu peux quelques chose..." ! "Si tu peux !" reprend Jésus. "Tout est possible à celui qui croit". Réponse difficile à entendre, qui renvoie l'homme à sa foi fragile, mais qui, dans le même temps, le conforte et lui donne l'assurance qui lui manquait. "Je crois, viens au secours de mon manque de foi !" Confession de foi et expression simultanée du besoin de s'en remettre à Dieu : ce cri remet les choses à leur place et remplace les efforts du père pour sauver son fils par l'attente confiante de sa guérison.

Vient ensuite une phrase un peu sibylline : "Jésus, voyant la foule s'attrouper, menaça l'esprit impur... Je te l'ordonne, sors de cet enfant..." Il reste l'impression que ces paroles sont une concession à la foule, à ce qu'elle attend - des signes, encore et toujours - jamais rassasiée de sensationnel. On ne peut s'empêcher de penser à d'autres exemples ou Jésus semble faire ce qu'on attend de lui : l'entrée triomphale à Jérusalem, ou encore l'injonction "Lève-toi, prends ton petit lit et marche" après qu'il a pardonné au paralytique ses péchés...

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L'enfant reste comme mort, mais il vit : il est relevé - ressuscité ! On n'est pas loin ici de la métaphore pascale : en réintégrant le monde des gens sains d'esprit, l'enfant possédé, rendu à lui-même, est restauré.

Quant aux disciples, ils ne comprennent pas pour quelle raison ils sont restés impuissants devant ce cas de possession. La réponse de Jésus les renvoie à leur propre foi : "ce genre d'esprit, rien ne peut le faire sortir que la prière".

Priez donc !

Fabienne Chabrolin

12 avril 2013

Marseille a-t-elle un avenir industriel ?

Marseille a-t-elle un avenir industriel ? - déjeuner-débat du mardi 9 avril 2013, animé par Christian Apotheloz, consultant, Rédacteur en chef de Radio Dialogue 89.6. L'invité du jour est Jacques Garnier, économiste, chercheur-associé au Laboratoire d'Economie et de Sociologie du Travail (LEST, Aix-Marseille Université).

 

Marseille a-t-elle un avenir industriel ?

 

Jacques GARNIER commence par se présenter : Ardéchois et catholique d'origine, il a fait ses études à Grenoble et Aix-en-Provence.

Il dit avoir exercé trois "professions" :

1/ Enseignant (pour étudiants et adultes

2/ Chercheur ("de terrain") au L.E.S.T. à Aix-en-Provence – développement économique régional.

3/ Acteur du développement économique (cf. Pôle d'Arbois aux Milles)

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Ces dernières décennies, nous avons assisté à la mutation/destruction de l'appareil productif. Elle a fait beaucoup de dégâts, y compris dans les compétences des salariés de la région. Mais aussi à la mutation/construction d'un appareil productif différent.

Avant de répondre à la question : Marseille a-t-elle un avenir industriel ? Il faut répondre à trois questions :

- de quelle Marseille parlons-nous ? Marseille ville ou Marseille métropole ?

- Marseille a-t-elle vraiment un passé industriel ?

- Qu'entendons-nous par industrie ?

1/ Beaucoup d'activités, entre le service et l'industrie, ont vu le jour en périphérie des grandes agglomérations. (cf. Aix, Aubagne, etc.…)

Pendant une trentaine d'années, les périphéries s'industrialisent au détriment des centres-villes. La population suit. Toutes ces activités font en général système entre elles.

On voit apparaître un appareil productif de type nouveau.

On passe de l'industrie manufacturière à une industrie qui produit à la fois des biens et des services.

Le processus productif conjugue de manière indissociable la fabrication, du service aux entreprises, la logistique, le marketing, de la recherche et du développement… C'est un appareil productif d'un type nouveau, configuré comme une constellation, dont l'industrie n'est qu'un des éléments.

2/ Quel moteur possible pour un avenir de l'appareil productif marseillais ?

- La logistique, à condition que ce ne soit pas que de la logistique de passage. Transport des marchandises. Des voyageurs. De l'information et production locale.

- Mettre en place un processus d'intégration productive.

- Transporter c'est bien, créer de la valeur c'est mieux.

- Science et technologie. Chez nous, il semble qu'il y ait un hiatus entre l'innovation, le développement technologique et les unités de production. Pour l'instant, on n'arrive pas, malgré de nombreuses tentatives, à combler ce hiatus. Ponctuellement, certains ont réussi à aller au-delà (de ce hiatus), comme dans le monde maritime offshore ou le nucléaire. On a vu se développer un certain nombre de compétences. (Cf. intervention en milieu hostile, robotique...) Des gens dans ces secteurs, ont réussi à communiquer, à travailler ensemble et à partager leurs compétences pour en élaborer de nouvelles.

 - Développer une culture de l'innovation, de « l'exploration » et de la mise en commun de ressources et de compétences.

Christian APOTHÉLOZ et Jacques GARNIER nous démontrent, exemples à l'appui, qu'il faut se méfier des statistiques, elles peuvent masquer de vrais changements et insister sur des variations qui n'en sont pas. (Cf. externalisation)

HOMMES_OK

S'ensuit un débat avec la salle.

Jacques GARNIER se montre à la fois satisfait de la situation et très confiant dans l'avenir. Dans notre métropole, il y a beaucoup plus d'entreprises qu'on ne le croit, avec une grande variété de compétences, souvent très pointues.

Tout ça, nous le savons.

C'est bien, mais il semble oublier que ce qui inquiète les Marseillais, ce n'est pas l'emploi des ingénieurs, des juristes ou des médecins, c'est l'emploi de ceux qui fournissent le contingent, de ce qu'il est convenu d'appeler la main-d'œuvre industrielle, les ouvriers et employés peu qualifiés, les agents de maîtrise, les techniciens et même les cadres de proximité. Employés par milliers par les grandes entreprises industrielles.

Aujourd'hui et sans doute demain, ces emplois font cruellement défaut. Ils ne nous permettent pas résorber notre chômage à deux chiffres. Il ne représentent pas ces réservoirs d'emplois peu qualifiés qui ont fait vivre tant de ceux qui se rendaient chaque matin aux manufactures de tabac, aux dattes, aux pâtes, thés, cafés, granulats, etc.

Tout le monde ne peut pas faire partie de l'élite (sinon ce ne serait plus l'élite, par définition). Quels emplois demain pour ceux qui n'ont pas pu, pas su ou pas voulu faire les études qui leur auraient, peut-être, permis de participer aux pôles d'innovation technologique dont nous parle le professeur GARNIER ?

 

François Cassin

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