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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
16 décembre 2012

La crèche en Provence : une réaction de Solange Strimon

«Faire la crèche en Provence est un acte de foi double… » 

SANTOUN « PETIT SAINT » : qu’êtes-vous devenus ?... Vous dont on ne dit même pas que vous êtes des « petits saints », traduction du provençal santoun.

Avant que je n’oublie : « A propos des « santibelli », qui viennent d’Italie et datent du XIIème siècle à Rome, il s’agit de personnages en plâtre à l’effigie de Dieu, de la Vierge et des personnages du clergé. Rien à voir avec de simples santons de crèche.

J’ai regretté que l’histoire de Jésus, Mardi dernier, 11 décembre, ne soit pas plus approfondie que cela. Si l’on en croit le Nouveau Testament, l'évangile de Luc en particulier, Jésus, à sa naissance, a été déposé dans une crèche, une mangeoire qui se dit cripia en latin et d'où est issu le mot « crèche ». La crise du logement existait déjà ! Une certaine ministre n’était pas là pour réquisitionner les lieux de culte, à moins qu’elle n’ait offert d’héberger chez elle la Sainte Famille pour gagner son Paradis...

La crèche s'est apparentée à l'étable toute entière et plus tard à l'église par extension. La naissance de Jésus et son décor de grotte aménagée en étable à Bethléem : voilà qui va faire du bruit. Reprenons l’histoire sacrée de la Crèche de Noël : elle débute au IIIème siècle, quand les chrétiens se mettent à vénérer ce lieu témoin de la Nativité. Les premières Crèches de Noël, miniatures telles que nous les connaissons maintenant avec leurs santons, font d’abord leur apparition dans les églises, au XVIème siècle. On se demande ce que seraient devenus les « petits saints », s’il n’y avait eu l’Eglise pour les accueillir et leur assurer un bel avenir.

L’église catholique va mettre en scène la naissance du Sauveur selon les données des Evangiles de Matthieu et de Luc dans des pièces et tableaux vivants. La carrière des santons et des santonniers se précise.

La première Crèche de Noël était donc une crèche vivante, avec des personnes jouant Marie, Joseph, l'Enfant-Jésus, les bergers et les rois mages. Conscients du pouvoir des légendes et des traditions populaires, les Jésuites réalisèrent des crèches d'église miniatures de plus en plus riches, à partir de 1562. Survient la période de la révolution qui devait décourager les catholiques, lesquels contourneront l'interdiction faite de présenter en public des scènes religieuses en créant des crèches domestiques mêlant animaux et bergères aux joues roses en costume du XVIIIe siècle. Les lois ne sont-elles faites pour être contournées ? Ces Crèches de Noël s'inspirent souvent de la vie locale, des personnages typiques du village ou des défunts de la famille.

Ce mardi, il m’a semblé que les rois mages n’ont pas eu le vedettariat qu’ils méritaient, alors qu’ils sont le vrai symbole de l'unicité, de l'égalité de l'humanité devant Dieu. Cette histoire des rois Mages nous vient de l'Évangile selon Matthieu qui les dépeint comme de nobles pèlerins guidés par un astre pour adorer le Christ nouveau-né en Israël. Selon la tradition, ils seraient parvenus à Bethléem le jour de l'Epiphanie et auraient offert, en guise de présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Balthazar est un Noir, Gaspard présente des traits asiatiques et Melchior est un vieillard blanc. D'après la tradition, les mages auraient suivi une étoile particulière, celle que l’on appelle l’étoile du berger. La signification de l’arrivée des trois rois mages est avant tout philosophique. Juste préciser que les trois mages représentent les trois stades suprêmes de l'être humain à cette époque, un roi, un prêtre et un prophète.

L’importance de ces Rois mages est évoquée au VIème siècle dans l'Évangile arménien de l'Enfance, pour qui le premier aurait été roi de l'Inde, le second roi des Arabes et le troisième roi des Perses. Ils appartiennent à trois peuples différents des trois continents alors connus, l'Asie, l'Europe et l'Afrique, ce qui en faisait de dignes représentants de toute l'humanité. Trois cadeaux sont apportés : l’or, l’encens et la myrrhe, qui sont de prix très élevés à cette époque. Dans la religion chrétienne, l'or célèbre la royauté de Jésus qui est roi, l'encens est utilisé pour le culte du Dieu mais comme il est également homme, la myrrhe vient lui rappeler sa condition de mortel car elle sert à embaumer les morts. Les couleurs des présents se retrouvent dans le teint des rois mages, en effet, Gaspard au teint asiatique apporte l'or, Melchior à peau claire de l'encens et Balthazar à peau noire, la myrrhe de même couleur. C’est ce que j’ai appris dans mon enfance par mon père. C’est pourquoi j’aime autant ces rois, symbole de la paix dans le monde. Il ne faudrait pas l’oublier !

Le texte biblique emploie le terme de mage, du grec μάγος. En général, un mage désigne à l'origine un prêtre perse ou mède (par exemple, originaire de Babylone). Ces prêtres étaient réputés pour leur connaissance en astronomie et astrologie. On employait aussi le terme grec dans un sens péjoratif, avec celui de magicien. Ce terme est à l'origine de la magie, du magicien et de ce qui est magique.

Je ne résiste pas à l'envie de donner ces extraits de l’'Évangile de Matthieu (chapitre II, versets 1-2 et 10-11) : « Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem en disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage." À la vue de l'astre ils se réjouirent d'une très grande joie. Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » La légende commence.

Ces quelques précisions données, il faut savoir que selon l'usage, on installe sa crèche en dessous du sapin de Noël le 1er dimanche de l'Avent, ou pour la Saint Nicolas. Elle restera exposée jusqu'au 2 février, date de la présentation de Jésus au Temple et veille donc sur la maison le 6 janvier, jour de l'Epiphanie et de l'arrivée des Rois mages. Ensuite, on range la crèche, les chants de Noël et les calendriers de l'Avent jusque l'année suivante.

Il serait bien triste que toutes ces traditions fondées sur le christianisme se perdent pour n’être plus que bassement commerciales par la vente de santons. Les marchands sur temple règnent toujours sur terre. Les santons de Provence sont fabriqués par des artisans santonniers qui se transmettent leur art de père en fils dans le respect des traditions. Ces derniers devraient ajouter une feuille d’explication à propos de l’histoire de la crèche, sans laquelle ils ne vivraient pas.

La tradition des Crèches de Noël s'est étendue dans le monde entier, on voit maintenant des crèches africaines en bois ou asiatiques avec un petit Jésus aux yeux bridés, ou encore faites d'argent en Roumanie.

Si vous ne souhaitez garder que 2 lignes de cette fabuleuse et extraordinaire histoire de la crèche qui dure depuis 2 000 ans, écoutez Jean Louis VAUDOYER : « faire la crèche en Provence est un acte de foi double : foi en l’Enfant Dieu, mais aussi dans le pays où l’on est né ».

Et pour conclure, à l'heure où certains veulent faire interdire le sapin de noël dans les écoles, celui-ci étant à leurs yeux une représentation religieuse, il m'a semblait utile de faire quelques recherches. Les Celtes entre 2 000 et 1 200 AVANT Jésus Christ avaient associé un arbre à chaque mois lunaire. L'épicéa restant vert et ne perdant pas son feuillage fut alors associé au 24 décembre. Ce rite païen du solstice conduisait à décorer cet "arbre de vie" de fruits, fleurs et blé. En 354 APRES Jésus Christ, l'Eglise souhaitant rivaliser avec cette fête païenne fixa la fête de Noel le 25 décembre. Ce n'est qu'une interprétation, mais je l'ai retrouvée à plusieurs reprises.

A toutes et à tous, que Noel soit pour votre famille et les vôtres une sainte fête pour terminer l’année et en commencer une autre.

Solange STRIMON

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Commentaires
C
Il me semble que votre article, Solange, mêle des éléments de tradition biblique et non biblique : les évangiles, par exemple, ne mentionnent pas le nombre des mages, ni leur royauté. Ils sont qualifiés de "mages" et c'est la tradition qui a précisé leur nombre, leur nom, leur fonction... Mais il est intéressant que vous rappeliez l'histoire de cette tradition.
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