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Le Parvis du Protestantisme - Le Blog
31 mai 2012

Le bonheur de toucher, approche scientifique et biblique

mardi 29 mai 2012

« Le Seigneur Dieu prit de la poussière du sol et en façonna un être humain. Puis il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet être humain devint vivant. » (Gen. 2, 7)

Gravure_img_Adam

 

Conférenciers :   Jean-Marc AIMONETTI, Chercheur en neuro-sciences au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Marseille,

Lilian SEITZ, Pasteur de l'Eglise protestante unie de Provence (av. F. Duparc à Marseille)

SCIENTIFIQUE ET BIBLIQUE

L. S. Le bonheur de toucher. Ne voyons pas là une provocation. Il s’agît d’un des cinq sens. C’est une dimension de l’être. Dans la Genèse (chapitre 2, verset 7), Dieu entre en contact avec l’homme. L’homme est façonné par le toucher divin. Mais Dieu reste Dieu et l’homme reste l’homme. Chacun à sa place.

Dans l’Ancien Testament le toucher fait l’objet d’un certain nombre d’interdits :

  • toucher à l’arbre (Genèse, chapitre 3, verset 3)

Adam-et-Ève-avant-la-chute

  • toucher à ce qui est impur (Lévitique, chapitre 5, verset 3), (Lévitique, chapitre 22, verset 4), (Deutéronome, chapitre 14, verset 8)

En fait, dans l’Ancien Testament, l’ouïe et la vue sont privilégiées.

Dieu dit …Dieu VIT que cela était bon … (Genèse, chapitre 1, versets 3 à 26).

vC’est le Nouveau Testament qui consacre le toucher. Nouvelle relation entre l’homme et Dieu par le Christ et le toucher. Toucher guérison mais aussi toucher caresse.

Foetus J.-M. A. Genèse pour genèse, parlons de l’embryogenèse. Le toucher est le premier sens fonctionnel. Au tout début de l’embryogenèse, au début de la vie, c'est l’ectoderme, qui donnera naissance à la peau, mais aussi au cerveau. Dès le stade de l’embryon, l’homme est un animal social. La peau qui l’entoure et est en contact avec l’autre n’est ni plus ni moins qu’une extension du cerveau. Dans l’utérus, le fœtus perçoit les parois de l’utérus, il acquiert le réflexe d’agrippement.


C’est à cause de ce sens fonctionnel primitif qu’on mettra ensuite le nouveau né dans un couffin. Il a besoin d’être confiné pour se sentir rassuré.

guérison de BartiméeL. S. Le verbe grec aptomai utilisé dans les Évangiles est en général en lien avec une guérison. Jésus touche, essentiellement pour guérir. Les autres sens témoignent d’une certaine distance. En revanche, on ne peut toucher sans être touché, ce qui implique proximité et réciprocité. Jésus touche les parties du corps malades : yeux, langue, lépreux … Ce toucher est souvent accompagné d’une parole. (Cf. Matthieu, chapitre 8, versets 3 et 15). C’est la révélation d’un Dieu incarné, proche de l’homme et de ses faiblesses.

Nous sommes très loin de l’image de Dieu dans l’Ancien Testament, intouchable, inaccessible, tel qu’évoqué par l’œuvre de Michel-Ange où les mains de Dieu et d’Adam sont tendues l’une vers l’autre, mais ne se touchent pas. Dans l’Évangile une nouvelle relation s’établit. Jésus touche l’impur. Mais contrairement à ce que dit l’Ancien Testament, ce n’est pas lui qui devient impur, mais ce qu’Il touche qui est purifié, guéri.

800px-God2-Sistine_Chapel

Par ailleurs, toucher crée du lien. Cf.  Marc chapitre 5, versets 25 à 29. Ici le contact physique et confirmé par une parole de réconfort.

J.-M. A. Qu’est-ce qui fait qu’une caresse calme un petit enfant qui s’est fait un bobo ? En fait, on active des récepteurs du toucher, spécifiques, qui vont envoyer à la moelle épinière un signal qui va « bloquer » la transmission de la douleur (gate control). Bien qu’on frotte les bobos depuis la nuit des temps, on ne connaît ce mécanisme que depuis une cinquantaine d’années. Les animaux léchant leurs plaies font appel au même phénomène. On retrouve donc le « toucher guérison » en biologie. (Cf acupuncture, kinésithérapie, etc.)

L. S. Après le toucher guérison, passons au toucher caresse. Dans Luc, chapitre 7, versets 36 à 50, ce sont bien de caresses dont il s’agit. Jésus se laisse caresser par cette femme pècheresse. Ce récit met en valeur la façon dont le toucher, la caresse, font exister l’autre. En acceptant ses caresses, Jésus écoute ce qu’elle a à lui dire. Écouter est sans doute une façon d’être touché et être touché une façon d’écouter. Toucher-pardon, soulagement, toucher libérateur par la reconnaissance de l’autre. « Tes péchés te sont pardonnés ».

Image du Blog chemaisrael.centerblog.net
J.-M. A. Les mammifères ont des récepteurs spécifiques à la caresse, situés dans les zones de peau poilue. Quand on active ces récepteurs, on va mieux. L’organisme libère de l’ocytocine qui procure une sensation de bien-être physique (baisse de la tension artérielle et du rythma cardiaque). L’ocytocine donne également envie d’aller vers l’autre, c’est l’hormone de l’attachement. Nous avons besoin de caresses, du contact de l’autre.

L. S. Toucher = relation de proximité, inhérente à l’humanité. En se laissant toucher et en touchant, Jésus fait la preuve de sa complète humanité, de sa tendresse pour l’humanité.

 

Dans le temps des questions et des commentaires, on évoque essentiellement les perceptions tactiles des malades végétatifs, les différences culturelles régionales, car certains humains touchent beaucoup, d’autres peu.

 Merci à nos intervenants pour ce duo parfaitement orchestré. Leurs commentaires nous ont beaucoup « touchés ».

François Cassin

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